Antibiotiques Anonymes

14 janvier 2019 | Alimentation, Avicole, Bien-être animal, Élevage, Santé

Qu’importe si un groupe d’actionnaires de Sanderson Farms Inc., troisième producteur de poulets aux États-Unis, soutenait que la résistance aux antibiotiques menaçait la santé mondiale. L’entreprise prétendait que toute la campagne médiatique contre l’utilisation des antibiotiques n’était que pure fiction. C’était il y a deux ans. Pourtant, le 30 novembre 2018 Sanderson annonçait la fin de l’usage préventif des antibiotiques dits importants pour les humains et ce, à compter du 1er février 2019. Sans pouvoir, le consommateur ?

Lorsqu’il est question de l’usage des antibiotiques dans la production animale, il est difficile de faire la part des choses tellement chaque acteur y va de sa rhétorique. Jusqu’en 2018 et en dépit des études de l’Organisation mondiale de la santé et du U.S. Centers for Disease Control and Prevention (CDC), l’entreprise réfutait la thèse voulant que cette résistance aux antibiotiques chez les humains découlait en partie de leur utilisation intensive dans les élevages animaliers.

À l’époque, Mike Cockrell, chef de la direction financière de Sanderson, soutenait que les récents efforts des concurrents dans la réduction de l’usage des antibiotiques n’étaient qu’une magouille marketing afin de vendre leurs produits plus chers. Lampkin Butts, son président et chef des opérations, allait plus loin en disant qu’il n’y a pas d’évidence scientifique indiquant que l’usage des antibiotiques dans l’élevage des animaux cause une résistance antibiotique chez les humains. De plus, il affirmait que si la compagnie cessait l’usage d’antibiotiques, il y aurait plus de mortalité parmi ses élevages et que de plus grands bâtiments seraient requis pour laisser plus d’espaces entre les poulets afin de réduire les risques de contagion. Il en résulterait une consommation plus grande de maïs, de soya, d’eau et d’électricité ce qui irait à l’encontre de la conscience environnementale d’utiliser le moins de ressources possible.

En 2017, cette proposition d’un groupe minoritaire d’actionnaire n’avait pas été retenue par Sanderson, mais elle avait forcé la compagnie à expliquer ses politiques d’utilisation d’antibiotiques avec un niveau de détail qui n’avait pas été révélé encore jusque-là. Sanderson affirmait qu’elle n’utilisait pas d’antibiotiques à des fins de stimulation de la croissance et que ceux qu’elle administrait le sont sous la supervision de vétérinaires comme l’exige la Food and Drug Administration (FDA) depuis 2016.

Bien entendu, le comité mandaté par Sanderson pour évaluer la politique d’usage des antibiotiques n’y a trouvé aucune mauvaise pratique  et a conclu que les animaux étaient en meilleure santé en moyenne que chez ses concurrents. Comme dans bien des cas du genre, personne n’est coupable, mais tous s’entendent pour que les choses doivent changer.  C’est ainsi que les antibiotiques gentamicine et virginiamycine ne seront plus administrés.

La compagnie demeure muette sur la façon de gérer ses élevages sous la nouvelle politique. Normalement, les animaux élevés avec une utilisation réduite d’antibiotiques doivent être surveillés de près pour déceler rapidement les premiers symptômes de maladie. Pour ce faire des systèmes de monitoring des élevages en temps réel doivent en assurer la surveillance.

La technologie sera peut-être la solution à tous ces maux.

Pierre

Pierre

Journaliste principal

Père fondateur d’Élevage et Cultures, Pierre a donné à la revue sa touche d’humour qui nous plaît tant. Vous pouvez retrouver tous ses articles traitant des actualités technologiques et scientifiques agricoles dans la Rubrique de Pierre.

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