En mars 2017, un chercheur détectait dans l’eau potable de Montréal et de Toronto 1, la présence d’un des plus dangereux pesticides utilisés au pays. Au cours du même mois, des experts des Nations Unies 2 ont accusé les fabricants de ces produits chimiques de déni systématique de leur impact sur l’environnement et la santé humaine, tandis qu’une nouvelle étude française révélait que la majorité des fermes pourraient produire autant de nourriture avec beaucoup moins de pesticides et sans nuire à leurs bénéfices.
La recherche publiée dans la revue scientifique Nature plants s’est penchée sur l’utilisation des pesticides, la productivité et la rentabilité de près de 1 000 fermes de tous types à travers la France. En comparant des fermes qui utilisent beaucoup ou peu de pesticides, les scientifiques ont constaté que 94% des exploitations ne perdraient aucune production s’ils réduisaient substantiellement l’usage de pesticides et que les deux cinquièmes de ces derniers verraient même leur production augmenter.
Les résultats sont encore plus spectaculaires lorsque les agriculteurs utilisent moins d’insecticides. Non seulement 86% de ces fermes enregistreraient une hausse de production, mais aucune n’accuserait de baisse. La diminution de l’usage de tout type de pesticide permettrait à 78% des exploitations de maintenir, voire d’améliorer leur rentabilité.
Comment se fait-il alors que les agriculteurs ne mettent pas la pédale douce sur les pesticides ? Le professeur Dave Goulson, de l’Université du Sussex, au Royaume-Uni l’explique par le fait que les fermiers sont conseillés par des agronomes qui, pour la plupart, travaillent à la commission… pour les entreprises agrochimiques. En deux mots, on ne mord pas la main qui nous nourrit !
Cela étant dit, la recherche ne signifie pas que les pesticides sont inutiles ou inefficaces. Les agriculteurs qui se contentent de faibles niveaux de produits chimiques utilisent, par ailleurs, d’autres méthodes pour lutter contre les plantes et les insectes nuisibles. La rotation de culture, le désherbage mécanique, l’utilisation de variétés résistantes font partie de l’arsenal à utiliser.
On parle d’un gros changement, mais pas d’une révolution.
2 Rapport du Rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation des Nations Unies
Source : The Guardian