Mine de rien, la culture en serre s’avère hypercomplexe. Même quand il s’agit de simples concombres. Il faut savoir doser éclairage, température, humidité, eau, nutriments, ventilation, ombrage, en plus de lutter contre les ravageurs. Comme peu de producteurs sont suffisamment formés pour jongler avec tous ces paramètres, un projet développé aux Pays-Bas vise à créer une « serre autonome » dans laquelle la culture est contrôlée à distance par l’intelligence artificielle (IA), qu’importe l’expérience de l’exploitant.
Pour augmenter la productivité tout en minimisant l’utilisation des ressources, le projet de partenariat public-privé AGROS dirigé par l’Université et la Recherche de Wageningen a réalisé des essais de validation dans trois serres différentes. Les cultures d’une première serre ont été contrôlées par un groupe d’experts en cultures et en irrigation. La deuxième a bénéficié de l’algorithme Digital Twin qui pouvait superviser la température de chauffage, l’arrosage, l’éclairage, la concentration de CO2 et même la stratégie de culture. Quant à la troisième, elle a été laissée aux soins d’un algorithme d’apprentissage par renforcement. En exécutant des millions de simulations, cette forme d’intelligence artificielle apprend à trouver les contrôles optimaux pour gérer le climat des serres de manière totalement autonome.
En bout de course, c’est encore dans la serre confiée aux meilleures pratiques des producteurs que le rapport intrants/ressources s’est avéré le plus bénéfique. Par contre, si le nombre de concombres cueillis dans la 2e serre a été inférieur, le Digital Twin a permis d’obtenir le prix le plus bas par kWh d’électricité utilisé. Quant à la 3e serre, même si c’était l’une de premières fois qu’elle était remise de manière entièrement autonome à un algorithme d’apprentissage par renforcement qui n’était pas formé pour contrôler l’irrigation et la taille des légumes, elle a été en mesure de produire une bonne récolte de concombres. Tout ça pour dire que c’est très bientôt que des producteurs moins expérimentés et des investisseurs non agricoles pourront se servir avec succès de systèmes de production complètement automatisés.
Source : Wageningen University & Research