Après les annonces de fusion de DuPont et Dow, le 11 décembre 2015, l’acquisition de la compagnie Suisse Syngenta par ChemChina, le 3 février dernier, c’est le conglomérat Allemand Bayer qui a rendu publique son offre de 62 milliards de dollars US pour acquérir Monsanto, le 10 mai. Rappelons que Monsanto avait déjà fait une offre pour acquérir Syngenta en 2015, laquelle avait été rejetée, car jugée insuffisante. L’acquisition de Monsanto par Bayer n’est donc qu’une suite logique à ce mouvement de consolidation fulgurant du secteur des grains et pesticides.
Monsanto a officiellement rejeté l’offre, la jugeant trop basse, mais elle garde la porte ouverte. En terme clair, cela veut dire qu’une offre bonifiée devrait suivre sous peu. À la suite de ces transactions, 83% des semences de maïs aux États-Unis et 70% du marché mondial des pesticides sera contrôlé par ces trois compagnies consolidatrices.
Toute cette vague de fusions-acquisitions résulte des pressions du marché à la suite de la baisse des prix des grains des trois dernières années. Les producteurs de grains réagissent en réduisant leurs achats de semences et pesticides en réaction à la baisse de leurs revenus. Les fabricants de ces produits se consolident à leur tour pour générer des économies d’échelles et des synergies en ces temps plus difficiles. Ils espèrent la reprise du marché afin de générer davantage de profits.
Le groupe de compagnies qui contrôle le marché des pesticides et des semences (appelé le Groupe des six) composé de Dow, Dupont, Monsanto, Syngenta, Bayer et BASF vient de se consolider encore une fois. C’est BASF qui devra chercher à s’unir avec d’autres joueurs afin de demeurer compétitif auprès de ses rivaux de plus grande taille.
Des augmentations de prix des semences et pesticides sont à prévoir découlant de cet oligopole. Certains groupes ont déjà manifesté leurs inquiétudes, dont Nathan Fields, directeur du National Corn Growers Association. Compte tenu des difficultés actuelles des producteurs de maïs, Monsieur Fields souhaite maintenir des fournisseurs en santé, mais aussi une saine compétition pour que les prix des semences et pesticides demeurent compétitifs. C’est cette érosion de compétitivité qui l’inquiète. Les producteurs composants avec des marges de profits très faibles, n’auront d’autres choix que de transférer l’augmentation de leurs coûts à leurs propres clients en particulier les producteurs de porcs et de volaille.