Elvis Gratton a toujours été impressionné par les « Amaricains ». « Y’ont des grosses piasses, y’ont des grosses vaches. Ils l’ont tu l’affaire ! ». Mais s’il allait faire une virée à Nanyang, à 800 km au sud de Beijing, il s’étoufferait avec son spagat Meatballs devant la plus grande ferme porcine du monde. La construction terminée, les 21 bâtiments industriels abriteront 84 000 truies et leurs cochonnées. Dix fois une installation typique aux États-Unis. Tout un pari avec la peste porcine africaine qui rôde.
Après que la Chine eut perdu la moitié de son cheptel porcin (11 millions de tonnes de porc) lors de l’épidémie de 2019, la Muyuan Foods vient d’investir 590 millions CAD dans cette ferme automatisée à très haute densité. Dans un contexte de pénurie de terres cultivables, le méga complexe pourra héberger cinq fois plus de cochons qu’une ferme ordinaire sur une superficie équivalente. Il sera pourvu de systèmes d’alimentation « intelligents », de filtration de l’air, de robots de nettoyage du fumier et de caméras infrarouges et thermiques pour détecter la fièvre. C’est sans compter que les céréales destinées à l’alimentation animale seront stérilisées sur place pour éviter une éventuelle contamination lors du transport par camions et qu’il y aura beaucoup moins d’employés.
On ne sait pas si on peut attribuer à Confucius l’adage « Plus c’est gros, mieux c’est », mais il reste que cette année seulement, Muyuan Foods investira près de 8 milliards CAD pour ériger de nouvelles installations. Déjà, 1 000 hectares de terres cultivées ont été loués pour y produire … 80 millions de porcs. On imagine que l’entreprise se croise maintenant les baguettes pour que la peste aille se faire voir ailleurs et que le prix du kilo ne retombe pas sous la barre des 4 $ CAD