
Tous les goûts sont dans la nature. Certains veulent pouvoir traire 1 000 bêtes à l’heure. D’autres souhaitent un élevage à l’échelle plus humaine. Et puis il y a Jean-Yves Ruelloux. Éleveur d’un petit troupeau de chèvres en Bretagne, il préfère empoigner le pis à la main et recueillir le lait à la chaudière. Mais ce n’est pas tout. Il a conçu une façon de produire du lait qui va contre toutes les idées reçues. Fini de faire engrosser ses chèvres chaque année. Une fois suffirait pour qu’elles produisent pendant des lustres.
Ses fromages ne s’en portent pas plus mal, mais ses chèvres, elles, ne souffrent plus à répétition et Jean-Yves n’a plus à mener de chevreaux à l’abattoir. Après huit ans sans mettre bas, une de ses bêtes donne encore jusqu’à 4,8 litres par jour. Une étude menée par des chercheurs en Espagne et en Égypte a révélé que de prolonger la lactation chez les chèvres de 12 à 24 mois ne réduisait que marginalement le rendement laitier, d’environ 8 pour cent, mais augmentait la teneur en matières grasses et en protéines nécessaires à la fabrication du fromage.
Il existe également un corpus de recherche internationale de plus en plus important sur la lactation prolongée chez les vaches laitières, mais là encore, cela tend à s’arrêter à une période maximale de deux ou trois ans. Un compte rendu des données disponibles publié dans la revue Animal en 2019 a conclu que l’allaitement prolongé pourrait également être un moyen pour les agriculteurs de réduire l’impact environnemental de la production laitière en réduisant le nombre de veaux nés et, par conséquent, la quantité de viande de bœuf produite. On voit déjà les acériculteurs se mettre à rêver!