Jean Morin

4 février 2019 | Personnalité du mois

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Le chemin de Damas

Il est de ces gens pour qui la vocation apparaît tardive. Mais il arrive que la ferveur de leur dévotion leur permette de se racheter, voire de rattraper le temps «perdu». C’est très certainement le cas
de Jean Morin. Né, élevé et destiné à suivre les traces de son arrière-grand-père sur la ferme laitière familiale de Sainte-Élizabeth-de-Warwick, c’est en 2005, à 46 ans, qu’il a eu la révélation presque divine. Il lui fallait créer des fromages fins. Si fins qu’ils lui vaudraient la reconnaissance de tout
un peuple.

Le 1er novembre dernier, au Musée de la civilisation de la capitale, son Bleu d’Élizabeth a été sacré «meilleur fromage du Québec». C’était la troisième fois que le concours Sélection Caseus chantait les louanges de cette meule de 1,2 kg persillé de belles veines bleuâtres.

S’il a, bien sûr, savouré son succès, Jean Morin avait déjà vu bien des langues de feu se poser sur la croûte de plusieurs des huit différents fromages qu’il façonne. On pourrait même parler d’un cas de multiplication des Caseus Or puisqu’en à peine une dizaine d’années, ses pâtes affinées lui ont valu plus de distinctions que l’on compte de pépites dans tout un sac de fromage en grains !

Son chemin de Damas, c’est devant la maison paternelle que Jean l’a trouvé. Après avoir transformé la terre de ses ancêtres en culture bio, fait un pèlerinage dans le Jura, terre sainte des grands fabricants de fromage, l’homme de 60 ans, père de quatre enfants — dont trois lui sont déjà de fidèles apôtres! — a saisi la manne qui est apparue juste devant chez lui. Déserté depuis deux ans, le presbytère ferait l’endroit rêvé pour concocter des produits qui sont de véritables caprices des dieux pour les dégustateurs qui se révèlent de plus en plus nombreux et fins connaisseurs. 

Mais en 2007, avant d’être ordonné fromager, les papes de la finance lui auront tout de même demandé de faire ses preuves.

«On n’avait pas les moyens de faire nos fromages nous même. On a donc commencé en utilisant des petites fromageries de la région. On a démarré le Champayeur, un fromage à pâte molle et à croûte fleurie, à la Fromagerie Tournevent de Saint-Rémi-de-Tingwick. Elle pouvait recevoir un peu de notre lait pour faire des essais. Je ne vous dirai pas combien j’en ai jeté du fromage avant de parvenir à ce que je voulais. Nos résultats ont convaincu la banque, au point où nous avons aujourd’hui 14 salles d’affinage dans le presbytère. Dans l’église que nous avons achetée, on affine Le Pionnier et les meules de 42 kilos de notre Louis d’Or. Avouez que ça nous fait une belle cloche à fromage !» 

La Fromagerie du Presbytère qui rayonne désormais aux confins des Appalaches et du bassin du Saint-Laurent compte aujourd’hui près d’une vingtaine d’employés. Après avoir été copropriétaire avec son frère qui a pris sa retraite, Jean dirige l’entreprise qu’il remet graduellement à ses trois gars, Thomas, Charles et Alexis qui ont tous étudié en agriculture à l’université McGill. Ce sont eux, maintenant, qui s’occupent de la ferme et de la traite de leurs vaches. Il ne manque plus qu’Èva, la plus jeune, qui n’aura qu’à faire CHEESE pour que les portes de la fromagerie lui soient toutes grandes ouvertes. C’est vrai que son papa a la réputation d’être une très bonne pâte !

Dieu sait si Èva goûtera au plaisir de participer à la création du prochain succès que concocte déjà son père. La rumeur veut que Les pieds de Dieu aura beaucoup de nez, mais Jean Morin nous rassure. «Il sera en odeur de sainteté.»

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