Fondateurs de ChrysaLabs
Il n’y a pas que la nécessité qui soit la mère de l’invention. La curiosité exerce le même pouvoir sur
la créativité. Benjamin De Leener et Gabriel Mangeat en savent quelque chose. Respectivement stagiaire postdoctoral en génie électrique et doctorant en génie biomédical à Polytechnique Montréal, ces deux jeunes fous de technologie de pointe étaient friands d’imagerie du système nerveux
et de la moelle épinière.
Des analyses d’images 3D des tréfonds du corps humain, le Wallon de 28 ans et son confrère d’origine française en ont fait des tonnes. Et même si Gabriel avait déjà eu l’envie de faire pousser des champignons, jamais les deux collègues n’auraient cru un jour troquer l’appel de la moelle contre celui de l’humus.
Pourtant, il aura suffi qu’un ami leur demande de créer un robot jardinier pour que Benjamin et Gabriel dévient du côté de l’agriculture. C’est dans un local de Polytechnique, sur une parcelle de béton de quelques mètres carrés qu’ils ont développé leur jardinier électronique conçu pour l’agriculture urbaine.
Or, au fil de leurs essais, les deux geeks ont réalisé que peu de gens savaient faire pousser des légumes en ville. Qu’à cela ne tienne, ils ont identifié d’autres avenues plus prometteuses. Ils ont constaté que les agriculteurs n’avaient pas nécessairement les outils adaptés pour savoir ce qu’il y avait dans leur sol. C’est de là qu’a germé leur projet d’entrepreneuriat qu’ils ont baptisé ChrysaLabs.
«Une des façons connaître avec exactitude la composition d’un sol, c’est d’utiliser des capteurs miniaturisés couplés avec la spectroscopie. Nous sommes en train de mettre au point la tige qu’il suffira de fixer à 10 ou 15 centimètres dans le sol. À l’aide d’un spectromètre, notre capteur analyse les nutriments, la matière organique, la température et l’humidité du sol. Il nous indique aussi où on a besoin ou non de mettre de l’engrais. Fini les envois par la poste d’échantillons aux laboratoires d’analyse. En quelques secondes, notre système capte et transmet toutes les données sur l’ordinateur.»
Bien sûr, il existe des drones capables de dresser une carte du sol, mais les mesures qu’ils prennent demeurent superficielles et se limitent à un ou deux centimètres dans le sol, ce qui est nettement moins précis que ce qu’offrira ChrysaLabs.
Grâce à leur travail, Benjamin et Gabriel ont obtenu le premier prix et le prix du public lors du concours d’ébauche de modèle d’affaires du Centre d’entrepreneuriat Poly-UdeM. L’été prochain, le prototype qu’ils sont en train de développer sera testé chez des agriculteurs et si tout se déroule comme prévu, leur capteur pourrait être mis sur le marché au printemps 2019. À plus long terme, les deux ingénieurs envisagent l’utilisation de robots qui déplaceraient la sonde sur de grandes surfaces.
Souhaitons-leur que le projet soit la chrysalide qui leur donnera des ailes !