Les alchimistes du terreau
À quatre kilomètres de Mont-Tremblant que l’on associe bien souvent aux sports d’hiver, un jeune couple vient pourtant de récolter une Carotte d’or avec sa Ferme aux petits oignons. Deux ans après que le MAPAQ ait fait d’eux les premiers lauréats du Prix de la relève agricole, Équiterre leur a remis cette distinction pour souligner le développement, l’enracinement et le rayonnement de leur ferme biologique dans son milieu.
En à peine une décennie, Véronique Bouchard et François Handfield — qui avaient d’abord emprunté de petits jardins avant de louer des parcelles à cultiver — ont si bien fait fructifier la terre, qu’ils bichonnent aujourd’hui l’équivalent de dix terrains de soccer dont ils sont devenus propriétaires.
Au départ, Véronique et François ambitionnaient devenir des conseillers pour le développement de l’agriculture. Mais à force de faire des stages sur des fermes, le couple qui cumule un bac en agronomie, en génie agricole et une maîtrise en sciences de l’environnement s’est entiché de la production. Si bien que François, également détenteur d’un bac en musique, fait désormais des gammes avec 200 types de semences.
Grâce, entre autres, à leurs 2 000 m2 de serres chauffées, ils jonglent avec 60 sortes de légumes, sans compter les fines herbes, les fleurs et les fruits. Forts de leurs 800 clients dans les marchés publics et de 550 clients pour leurs paniers biologiques, leur chiffre d’affaires atteint les 750 000$. Ce n’est pas pour rien qu’ils donnent du travail à sept personnes.
Depuis qu’ils ont construit une ferme et qu’ils disposent de bâtiments efficaces pour l’entreposage,
le lavage et l’empaquetage de leurs produits ultras frais, les lauréats d’Équiterre affirment être plus productifs et plus efficaces.
«La moitié de nos ventes, ce sont nos paniers bios. Le reste, ce sont les marchés publics, les ventes directement à notre ferme et certaines épiceries indépendantes. Ce qui est innovant dans notre modèle, c’est qu’on donne le choix aux gens sur une partie du contenu de leur panier. Aujourd’hui, notre défi, c’est de trouver des façons alternatives de rejoindre le consommateur.»
Vice-président de la coopérative pour agriculture de proximité écologique et président du syndicat local de l’UPA, François Handfield avoue que ce n’est pas simple, car plusieurs épiceries voient leur entreprise comme une menace. Certaines municipalités exigent un permis, d’autres les empêchent carrément d’installer leur tente pour vendre leurs produits.
Puis il y a également le problème d’acquisition de nouvelles terres. Le couple ne parvient plus à mettre la main sur de nouvelles terres. Heureusement, cette difficulté n’a absolument aucun impact sur la satisfaction de leur clientèle qui, aux dires mêmes de François, en plus de se régaler, est heureuse de leur succès.
Un succès qui, en raison du bouche à oreille, déborde largement le groupe des consommateurs qui souhaite manger bio.