Gervais et Jean-Guy Pelletier

4 décembre 2017 | Personnalité du mois

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Les phénix de Chaudière-Appalaches

Il y a pire, dans la vie, que de se voir décerner l’Ordre national du mérite agricole 2017. Demandez-le à Gervais et Jean-Guy Pelletier, les propriétaires de la ferme Pellerat qui avait été rasée par les flammes, exactement dix ans plus tôt.

En recevant la médaille d’or, la plus haute distinction québécoise destinée aux femmes et aux hommes qui s’investissent dans leur entreprise agricole, les frères Pelletier y ont vu une reconnaissance très valorisante après 30 ans de travail acharné sur la terre qu’occupe la famille depuis trois générations. Un honneur qui, du même coup, valorise tout le milieu agricole.

Depuis 1981, Gervais et Jean-Guy ont construit peu à peu la réputation qui leur vaut aujourd’hui ce couronnement. À leur début, ils ne possédaient que 50 vaches laitières et quelques poulaillers. Leur terre se trouvant près du fleuve, ils avaient aussi développé une petite entreprise de pêche à l’anguille.

Mais au début des années 1990, forts d’un troupeau d’une centaine de vaches, ils ont laissé filer les anguilles sous roche pour se dévouer totalement à leurs ruminants. Ils s’y sont tellement bien appliqués, qu’en 2001, il manquait de place pour loger leurs bêtes qui leur donnaient 125 kg de lait par jour.
Les cuisines ont beau être grandes, à la campagne, ils n’ont eu d’autre choix que de construire une étable à logettes.

Comme on dit, c’était parti mon kiki ! Il aura pourtant suffi d’une étincelle dans le moteur d’une pièce de machinerie et d’un vent mauvais pour tout compromettre. Adieu veaux, vaches, quotas. La source de 180 kg de lait s’est tarie du jour au lendemain.

N’importe qui d’autre aurait pu baisser les bras. C’était mal connaître les Pelletier qui, tel un phénix renaquirent de leurs cendres dès 2008. Et allez hop! On y va d’un carrousel pour 32 vaches. Et comme le nerf de la guerre dans cette industrie-là, c’est d’être bien équipés, Gervais et Jean-Guy se sont dotés de plus de 110 000 pieds carrés de bâtiments flambants (sans jeu de mots !) neufs qu’ils ont remplis de très bonnes vaches ontariennes, elles-mêmes truffées d’embryons d’excellente qualité. Si bien qu’aujourd’hui, avec Daniel, Francis et Lisanne, leur relève, la famille tire 359 vaches qui leur procurent une demi-tonne de lait par jour.

«La chose la plus importante pour que le succès de l’entreprise familiale se perpétue, c’est de faire en sorte que l’harmonie entre nous soit préservée. Ça s’est toujours bien passé et on va s’arranger pour que cela continue. Jean-Guy et moi allons tranquillement diminuer nos activités tout en faisant tout ce que nous pouvons pour épauler nos enfants.»

Au fil des années, beau temps, mauvais temps, nos deux fermiers de la région Chaudière-Appalaches n’ont jamais cessé d’acheter des quotas. Se préoccupent-ils du sort incertain qui attend la gestion de l’offre? Ça ne semble pas tracasser Gervais plus qu’il faut, surtout que cela fait 35 ans qu’il entend la rengaine. Rappelant que l’agriculture est le deuxième moteur économique du Québec, il ne voit pas pourquoi le gouvernement serait tenté d’aller explorer un système qui va mal ailleurs.

Cela dit, il ajoute: «Il ne faut pas lâcher le jarret du politicien, mais il ne faut pas le mordre trop fort non plus !»

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