Les propriétaires de la ferme Mapioxa
Dans la vie d’agriculteur, on le sait, la relève est très souvent un problème crève-cœur. Pour certains, au contraire, il s’agit plutôt d’un très beau problème. Demandez-le à Sylvain Labrecque, le maire de Lyster, la petite municipalité de 1 628 âmes du comté de L’Érable. À son grand étonnement, ce n’est pas un, ni deux, ni trois, mais bien ses quatre enfants qui ont décidé de reprendre la ferme laitière exploitée par la famille depuis quatre générations, entre Plessisville et Lévis.
Mais voilà. Avec ses 125 têtes de bétail, la ferme Fleur du Jour ne suffisait pas à faire vivre tout ce beau monde. Qu’à cela ne tienne, de l’aînée au benjamin, Majory, Pier-Hugues, Olivier et Xavier, aucun n’avait l’intention d’abandonner ni sa terre natale, ni sa vocation.
Après avoir pensé à se diversifier en se lançant dans l’élevage de bœufs, de chèvres, de moutons ou encore en se consacrant aux grandes cultures céréalières, une opportunité inespérée s’est présentée. À la fin de 2014, à défaut d’avoir une relève, un couple de l’endroit leur a proposé de reprendre leur exploitation porcine à moins de dix kilomètres de chez eux. «À nous quatre, explique Majory, nous avions un DEC en gestion et exploitation d’entreprise agricole, un DEP en production laitière et deux autres diplômes en mécanique agricole.»
«Deux de mes frères avaient déjà de l’expérience dans le domaine du porc. Presque du jour au lendemain, nous nous sommes retrouvés avec 3 000 porcs et avons créé la ferme Mapioxa !»
Après un an d’exploitation et un investissement dans les sept chiffres, les jeunes éleveurs de 28, 26, 24 et 22 ans peuvent déjà se vanter d’avoir hébergé pas moins de 12 000 porcs. Évidemment, passer des vaches laitières aux cochons a demandé une certaine adaptation. « Les animaux, ça demande beaucoup d’observation, explique Pier-Hugues. Et je ne vous cacherai pas que c’est plus facile de suivre des vaches qui sont avec nous cinq ou six ans que des porcs qui vivent ici seulement quatre mois. Mais nous avons été aux aguets et nous avons très bien su veiller sur la santé de nos bêtes. » Le cadet nous rappelle qu’ils sont bien encadrés par les gens d’Isoporc pour qui ils travaillent à forfait. Les quatre Labrecque sont très à cheval sur l’hygiène de leur porcherie. «Personne d’autre que nous ne possède les clés pour entrer dans la porcherie.», confirme Pier-Hugues.
À n’en pas douter, les jeunes éleveurs adorent leurs animaux et sont bien partis pour y consacrer leurs vies. Dans cinq ou 10 ans, la fratrie aimerait aussi pouvoir acquérir davantage de terres pour y cultiver blé, orge, soya et maïs en plus grande quantité. D’ici là, bien d’autres rêves risquent de germer dans
leur tête.