Le fumier et les engrais synthétiques produisent l’équivalent de 2,6 gigatonnes de carbone par an, soit plus que ce qu’émettent l’aviation et le transport maritimes mondiaux réunis. À eux seuls, les fertilisants représentent environ 2 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre et 10 % de l’empreinte environnementale de l’agriculture. Un groupe de chercheurs du Royaume-Uni quantifie la source des émissions liée à l’amendement chimique, ce qui pourrait entraîner une réduction de leurs émissions jusqu’à 80 % d’ici 2050.
L’étude entreprise au département d’ingénierie de l’Université de Cambridge a pu déterminer que les deux tiers des émissions de gaz à effet de serre causés par les fertilisants se produisent après l’application d’engrais sur les terres cultivées. L’autre tiers résulte de leur fabrication. Selon eux, la stratégie la plus efficace pour colmater cette pollution de près de 50 % doit s’appuyer sur l’agriculture de précision, le moment de l’épandage, l’utilisation de variétés de plantes améliorées qui tirent mieux partie des engrais et des méthodes d’irrigation plus performantes.
En remplaçant les fumures les plus néfastes (telle l’urée) par du nitrate d’ammonium, les gaz pourraient être diminués de 20 à 30 %. En les mélangeant avec des produits inhibiteurs de nitrification, qui empêchent les bactéries de former de l’oxyde nitreux, on saurait encore les diminuer de 42 à 55 %. Le gaz naturel, le charbon et le pétrole sont utilisés comme matières premières et combustibles pour la production d’ammoniac, un ingrédient essentiel des engrais. L’étude indique que l’électrolyse pourrait être utilisée pour fournir de l’hydrogène en remplacement de la synthèse d’ammoniac, où jusqu’à 27 % des émanations toxiques totales pourraient être réduites. Bien sûr, pour que tout ça se réalise il faudrait que l’industrie des engrais adopte des mesures pour se décarboner. Pas gagné d’avance !
Source : Modern Farmer