Chaque année, uniquement dans les rizières de la planète, des champignons et autres agents pathogènes volent la pitance à plus de 60 millions de personnes et représentent une réelle menace pour la sécurité alimentaire mondiale. Dans le sud de la Chine, on constate pourtant que des rizières cultivées sans fongicides sont épargnées des épidémies. Des scientifiques ont découvert que deux types de riz plantés sur les mêmes parcelles liguent leurs forces respectives pour tenir en échec leurs agresseurs.
Aussi féroce et complexe que puisse être la bataille entre les végétaux et les microbes, les chercheurs de l’Université d’agriculture du Yunnan (Chine) et de l’unité Biologie et génétique des interactions plante-parasite de l’Inra (France) ont concentré leurs efforts sur les stratégies de résistance que des souches de riz différentes mettent en commun pour combattre la pyriculariose, cette maladie fongique du riz qui attaque les feuilles et les tiges.
Ils se sont aperçus que la variété Japonica dispose de redoutables récepteurs de reconnaissance de la forme moléculaire du champignon (Magnaporthe oryzae) qui l’agresse, mais qu’en revanche, son système de défense face au pathogène est déficient. Par ailleurs, chez la variété Indica, plantée à proximité, c’est tout le contraire. L’espèce possède peu de récepteurs de reconnaissance, mais est fort bien pourvue en gènes de résistance.
Poussant sur les mêmes parcelles, ces deux types de riz forcent donc le pathogène à attaquer simultanément sur deux fronts différents. Débordé, le champignon parvient à infecter une partie des plants de riz, mais est incapable de se disperser sur l’ensemble de la rizière. Si elles poussaient à Cuba, ces deux variétés pourraient scander «Plantas unidas, jamas serán vencidas !»
Les chercheurs s’apprêtent à mener des expérimentations similaires sur les cultures de blé.
Source: INRA