Aujourd’hui, sans le savoir, les mouches soldats (Hermetia illucens) font des tas d’heureux. Non seulement leurs larves permettent-elles d’éviter que des tonnes de déchets organiques se retrouvent dans des sites d’enfouissement, mais l’Agence canadienne d’inspection des aliments vient de donner son feu vert à leur utilisation comme aliment protéiné renouvelable pour les poulets de chair.
Grâce aux puissantes enzymes qu’elles possèdent dans leurs glandes salivaires et leur système intestinal, les larves de ces mouches originaires d’Amérique du Nord sont les plus gloutonnes de toutes les espèces de mouches qui se gavent de matières organiques en décomposition. À tel point qu’Enterra, une entreprise dans le district régional du Grand Vancouver, a décidé de les exploiter, d’une part pour fabriquer une farine destinée à nourrir les poulets et, d’autre part, pour en faire un engrais naturel approuvé pour la production de cultures biologiques (aller à 10 min 12 sec de la vidéo ci-bas pour la section sur Enterra).
Pour alimenter les larves, Enterra s’approvisionne en fruits et légumes qui sont jetés avant d’avoir pu être vendus sur le marché. Ces déchets organiques sont écrasés, puis convoyés dans les enclos de larves affamées qui sont capables d’en dévorer 20 tonnes en à peine quatre heures. Par la suite, les bestioles bien engraissées sont lavées et cuites. L’entreprise est en mesure de produire sept tonnes d’engrais organiques par jour et cinq tonnes de nourriture pour les poulets. Cette nourriture qui se présente sous forme de larves séchées ou réduites en poudre s’avère une solution de rechange durable à la farine de poisson, farine de soja, l’huile de poisson, l’huile de noix de coco et l’huile de palmiste.
Bien sûr, la production de larves de mouches soldats n’est pas l’apanage de l’entreprise britanno-colombienne. Le Jardin nourricier, un site français nous fait découvrir un petit éleveur qui a découvert par lui-même qu’il pouvait nourrir ses poules et ses poissons à partir de ces larves bien dodues.