Ce n’est pas en bardassant son entourage qu’on peut espérer obtenir une belle coopération. C’est vrai pour le monde et ce l’est tout autant pour les animaux. Et les porcs ne font certainement pas exception à la règle. Des études menées par le Animal Welfare Science Center de l’Université de Melbourne (Australie) démontrent clairement que les préposés qui ne sont pas conscients que la façon dont ils interagissent avec les porcs dont ils s’occupent peut leur causer un stress qui a des répercussions néfastes tant sur leur bien-être que sur le taux de reproduction et de croissance.
Les porcs sont très sensibles à la manière dont on s’y prend pour les manipuler. Les cris, les poussées, les coups ou les mouvements rapides qui peuvent être utilisés pour amener les bêtes à obtempérer sont généralement perçus comme des gestes menaçants. Ils peuvent aller jusqu’à provoquer une réaction de stress tel que les animaux développent un comportement d’évitement des humains. Les bêtes qui ne peuvent échapper à un stimulus négatif (enfermées dans un enclos, etc.) risquent de développer un stress chronique néfaste.
La recherche a montré que les porcs peuvent développer une peur des humains après seulement 15 à 30 secondes de contact négatif par jour. Cette anxiété serait responsable d’une diminution de naissances de porcelets pouvant aller jusqu’à 20%. Les scientifiques croient que l’augmentation de cortisol provoquée par le stress chronique nuirait aux hormones essentielles à la conception et à une grossesse normale. En mobilisant les réserves d’énergie, le cortisol serait responsable d’une diminution de l’efficacité métabolique entraînant un plus faible taux de croissance et une réduction du pH musculaire qui se répercuterait sur la qualité de la viande.
Pour ne rien arranger, le stress chronique est aussi associé à une mauvaise santé par immunosuppression, sans compter qu’il augmente les risques de blessures lors des manipulations.
Heureusement, il existe des techniques permettant de réduire la peur ressentie par les porcs et d’améliorer les interactions entre les éleveurs et leurs animaux. Voici un tableau en présentant les grandes lignes. Il fait partie du programme ProHand®, un concept développé par Australian Pork Limited et Animal Welfare Science Center. Cette méthode permettrait, entre autres, d’obtenir un porcelet supplémentaire par an par truie et d’augmenter de 5% le taux de croissance.
Les chercheurs envisagent aussi de se servir de la sociabilité des porcs pour qu’ils apprennent entre eux à mieux accepter les interactions sociales entre l’humain et l’animal. Un dossier à suivre.
Source : The Pigsite