Deux poids, deux mesures

16 mars 2016 | Affaires, Alimentation, Avicole, Élevage

L’histoire nous rappelle que l’information sur laquelle nous nous basons pour prendre nos décisions n’est pas toujours fiable. Elle l’est d’autant moins lorsqu’elle ne provient pas de sources indépendantes. Pensons à la bulle technologique du début des années 2000 et à la crise financière de 2008. Certaines entreprises qui, aux dires de leurs dirigeants et des analystes de grandes banques, étaient solides ont vu le cours de leur titre s’effondrer. Certaines ont même disparu. L’absence d’indépendance se constate aussi dans les indices des prix de la volaille.

Aux États-Unis, le prix du poulet est établi à partir de l’indice Georgia Dock index. Cet indice est compilé par le Georgia Department of Agriculture qui sonde neuf producteurs et transformateurs de poulets de l’état sans qu’aucune vérification indépendante soit effectuée. Le sondage porte sur le nombre de livres vendu pour chacune des parties et le prix correspondant. Sans grande surprise, les gros joueurs tels TysonFoods, Pilgrim’s Pride et Wayne Farms figurent parmi les entreprises qui ont des établissements sondés par le Georgia Department of Agriculture.

Jusqu’ici, pas trop de problèmes. Mais la disparité des prix entre le Georgia Dock index et d’autres indices utilisés par des acheteurs commerciaux telles les chaînes de restaurants démontre des écarts de prix importants. Ces écarts mettent en reliefs l’absence de vérification indépendante des données générant l’indice Georgia Dock et le potentiel conflit d’intérêts. Récemment, le prix d’un poulet entier sur le Georgia Dock index était de 1,13$ US la livre, alors que sur l’autre indice utilisé par les acheteurs commerciaux, le Urner Barry Grade A, affichait 0,70$ US la livre, soit un écart de 0,43$ US ou 38%. Cette différence de prix entre ces deux indices n’a jamais été aussi grande, de 2002 à 2014 elle a été en moyenne de 8% seulement. La différence de prix actuelle est d’autant plus surprenante que l’offre est abondante en raison d’une production record et d’exportations plus faibles.

Cette variation de prix est tout à l’avantage des entreprises qui fournissent leurs données pour la compilation du Georgia Dock index. De telles primes peuvent faire la différence entre un profit ou une perte. Elle se traduit en milliards de dollars annuellement. Des sommes absorbées par les clients de chaînes d’alimentation.

Par contre, 10% à 15% du poulet américain est vendu au prix du Georgia Dock index. Même si cette proportion peut sembler faible, de nombreuses ventes sont basées sur des prix tournants entre cet indice et d’autres comme le Urner Barry.

Ces indices à long terme tendent à refléter les forces fondamentales du marché, l’offre et la demande. À court terme, la situation peut différer grandement. Il importe donc d’interpréter l’information en fonction de l’indépendance de sa source. L’information la plus fiable est celle qui est produite dans chaque organisation, prix de vente récents et prix payés pour ses achats.

Au Québec, au Canada le contexte est tout autre au niveau de la volaille avec le système de gestion de l’offre. Par contre, les acheteurs de volailles américains comparent les prix du poulet canadien à ces indices. Le secteur porcin canadien qui suit de près l’évolution des prix américains peut se poser les mêmes questions quant à la fiabilité de l’information. Dans tous les cas, des systèmes de collecte d’information fiable tant à l’interne qu’à l’externe, permettent de prendre des décisions éclairées pour une profitabilité accrue.

Pierre

Pierre

Journaliste principal

Père fondateur d’Élevage et Cultures, Pierre a donné à la revue sa touche d’humour qui nous plaît tant. Vous pouvez retrouver tous ses articles traitant des actualités technologiques et scientifiques agricoles dans la Rubrique de Pierre.

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