En octobre dernier, dans le cadre du Global Food Forum organisé par The Wall Street Journal, les leaders des plus grandes organisations du domaine agroalimentaire ont abordé les enjeux de l’industrie de la volaille. Parmi les sujets les plus chauds, soulignons la nécessité de l’industrie de s’adapter aux pressions des consommateurs notamment, l’élevage des animaux sans hormones ni antibiotiques et dans des conditions les plus humaines possible. Ce qui semblait n’être qu’une préoccupation marginale risque fort de devenir un mode de production d’importance.
Pour s’en convaincre, rappelons que le 29 novembre 2016, Pilgrim’s Pride Corporation (PPC), le deuxième producteur des États-Unis a annoncé l’acquisition de GNP Company (GNP), un producteur de poulets bio du Midwest américain. En 2013, ce dernier qui élève ses volailles sans aucune hormone était passé sous le contrôle de Maschhoffs Inc, le troisième producteur de porcs des États-Unis qui cherchait à diversifier ses activités.
Les 350 millions de dollars américains qu’a allongé PPC pour mettre la main sur GNP équivalent à 5,2 fois le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissements (BAIIA). Ce multiple semble très élevé quand on le compare à celui de PPC qui n’est que de 4,2. Cela est d’autant plus surprenant compte tenu de la valeur de PPC (6 milliards de dollars US) et qu’habituellement, les entreprises de plus grande taille commandent des multiples plus élevés que ceux de leurs pairs de moindre envergure. Pour Maschhoffs, il s’agissait d’une opportunité de générer des liquidités pour réinvestir dans ses installations, tandis que pour PPC, cela s’avérait être une porte d’entrée dans le créneau de la viande élevée sans hormones ni antibiotiques.
Il est fort probable que PPC qui fait partie du géant brésilien JBS SA étende le mode de production de GNP à ses autres sites de production. Pour les producteurs de poulets et de porcs qui adopteront ce mode de production plus écologique et socialement acceptable, cela signifie qu’ils devront exercer un contrôle très serré de leur production, de leurs animaux afin de maintenir leur statut de producteur bio et sans hormones. Heureusement, les avancées technologiques des dernières années leur permettront de relever ces défis tout en demeurant profitables.