Qui aurait cru qu’en 2020, l’Ag plongerait tête la première dans le monde impalpable du virtuel?
On nous l’a assez répété, le coronavirus, ce grand méchant loup, a bouleversé nos habitudes de vie pour toujours. Nous avons été forcés de mettre notre quotidien et nos projets d’avenir sur pause, dans un épais brouillard d’incertitude.
Or, pandémie ou non, l’agriculture n’attend pas.
Et force est de constater que les salons agricoles non plus. Alors qu’on les pensait condamnés à devoir annuler leur édition 2020, nombre d’entre eux nous ont promis leur réunion annuelle sous forme…virtuelle!
Jusqu’au mois de mars dernier, je n’aurais jamais imaginé un tel concept. Bien qu’au Québec les fermes intelligentes et leurs technologies 4.0 florissent tranquillement, la notion même de combiner « agriculture » et « virtuel » dépasse toute ma logique.
Évidemment, ces derniers mois le virtuel a su nous dévoiler ses meilleurs atouts: optimisation de temps et d’argent, et impact positif sur l’environnement.
Mais à l’idée d’une saison virtuelle des shows agricoles, bien des questions me sont venues à l’esprit. Comment imaginer se balader fictivement dans un salon agricole? Aller d’un stand à un autre. Faire des rencontres ou retrouver des visages familiers. Comparer produits et machineries. Comment remplacer le geste symbolique d’une carte d’affaire tendue ou d’une poignée de main assurée?
Comment apprécier tout cela derrière un écran d’ordinateur? Seul(e).
Car s’il y a bien une chose qui suscite en nous l’excitation d’un tel rassemblement, c’est l’ambiance. L’ambiance née de la frénésie des préparatifs, de l’attente, de l’excitation des rencontres et de la stimulation de nos sens. Oui, les sens! Saurons-nous recréer une expérience sensorielle et des émotions comparables à celles qu’un événement réel nous provoque? Celles qui exhortent l’engagement, le sentiment d’appartenance, et la promesse de revenir l’an prochain.
Cette année, ce pari risqué mais nécessaire, vous l’avez relevé avec brio et audace. Organisateurs comme exposants, en l’espace de quelques mois vous avez accompli la tâche herculéenne d’organiser des shows agricoles en ligne, et d’encourager les visiteurs à jouer le jeu. Vous avez fait preuve d’une volonté sans faille de vous réunir et d’échanger, quelle que soit la forme du rendez-vous.
Bien-sûr, des progrès restent à faire. Mais j’ose affirmer sans l’ombre d’un doute que nous ne sommes qu’à l’aube de la transformation virtuelle du monde agricole. Demain sera peut-être l’ère des salons en réalité augmentée, plus immersifs et plus tangibles. Une chose est sûre, nos capacités d’adaptation n’ont pas de limite.
« Résilience » aura été le mot d’ordre pour l’année 2020, et pour toutes celles à venir.