Marilou Cyr, l’inspiration durable

Marilou Cyr, l’inspiration durable

L’inspiration durable 

En juillet 2014, la ville de L’Assomption a été l’épicentre d’un tremblement de terre dévastateur. La fermeture d’Electrolux, l’usine suédoise de fabrication d’électroménagers, anéantissait près de 1 300 emplois dans cette agglomération de 22 400 habitants. Comment se relever après un tel cataclysme dans cette région de Lanaudière dont 90 % du territoire est agricole ? Demandez-le à Marilou Cyr.

Depuis un peu plus de deux ans, avec le soutien et la coopération de la MRC de L’Assomption et d’Écotech Québec, cette jeune femme énergique et fonceuse de 35 ans s’est donnée pour mission de remblayer sur 15 km2, la crevasse qui avait fissuré le tissu social et économique entre Repentigny et L’Assomption.

Bien au fait que le succès des sociétés agricoles passera par l’appropriation et l’application de technologies qui mettront l’accent sur le développement durable, Marilou a pris la direction de la Zone Agtech. Il s’agit de la toute première zone d’innovation, de recherche, de formation, de transfert technologique et de création de firmes dédiées aux secteurs des technologies agricoles.

Ce n’est pas un hasard si Marilou Cyr s’y retrouve à la barre. Fille de parents tous les deux agronomes, la directrice de la Zone Agtech a travaillé une douzaine d’années avec son père qui possédait une entreprise de solutions innovantes pour le ce secteur agricole de la région de Lanaudière. À titre d’exemple, ils ont été les premiers au Québec à travailler sur un projet de méthanol cellulosique de deuxième génération à partir de résidus de maïs. Marilou a également œuvré à titre d’associée dans le domaine du développement stratégique d’entreprise.

Grâce à des investissements attendus de 220 M$, la Zone Agtech vise, d’ici cinq ans l’implantation d’une centaine d’entreprises qui se consacreront au développement de nouvelles technologies de cultures à la fois en serres et verticales, d’agriculture aux champs et de bioproduits végétaux. Bienvenue dans le monde de l’agriculture 4.0 !

En plus d’aspirer à la création de quelque 2 600 emplois, le projet qui a été officiellement lancé en février 2020 permettra aux producteurs agricoles de bénéficier de solutions plus performantes, plus rentables, plus vertes et mieux adaptées aux changements climatiques et à la sécurité alimentaire. Faut-il rappeler que l’an dernier, la région a connu une quinzaine de périodes de gel et de dégel pendant l’hiver, et six périodes de canicule durant l’été ?

On planche déjà sur un projet de contrôle intelligent de l’énergie dans les serres afin d’accroître leur efficacité énergétique. Un autre projet cherche à assurer la culture verticale dans un environnement 100 % contrôlé avec éclairage artificiel. D’autres encore travaillent au développement d’un tracteur autonome et intelligent pour pallier la pénurie de main-d’œuvre, à l’agriculture de précision pour réduire le niveau des pesticides, à l’amélioration de la santé des sols, ou encore au traitement des eaux par les plantes. Tout ça, également dans la perspective de l’exportation de ce savoir.

« Pour accélérer le développement de l’innovation et stimuler une plus grande synergie, nous regroupons dans un même secteur les grandes entreprises, les jeunes pousses et les fonds de recherche pour l’innovation principalement dans les nouvelles technologies propres. En mettant en contact les différents acteurs de l’industrie, nous nous assurons que nos entreprises et les producteurs agricoles ont accès aux meilleures pratiques et aux meilleures informations pour pouvoir développer leurs technologies et les implanter à la ferme. »

Déjà, le site d’Electrolux a été décontaminé et la construction des premiers aménagements sur les 800 000 pieds carrés de terrains à développer débutera au printemps 2021. À ce jour, la Zone Agtech accompagne une cinquantaine d’entreprises qui pourraient bien s’y installer.

À l’heure actuelle, la Zone Agtech offre des programmes d’innovation et des parcours d’accélération et de financement pour les entreprises dans le milieu agricole. Dès janvier, pandémie oblige, des formations seront offertes sur les meilleures pratiques agricoles pour réduire l’impact des changements climatiques sur la ferme.

Tout cela, Marilou le fait avec une très grande détermination. Elle a bien sûr à cœur le bien des entreprises et des agriculteurs de chez nous, mais elle a une raison encore plus personnelle. Elle est particulièrement motivée par le bien-être et l’avenir de son enfant né il y a tout juste trois ans.

Y a-t-il plus noble inspiration ?

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