Le défenseur de l’A-Lait-NA
Il y a 159 ans bien sonnés, l’aïeul Olivier Lampron dessouchait et ensemençait les tout premiers arpents d’une terre qui feraient vivre sept générations successives. On pourrait presque dire qu’à ce moment-là, le destin de Pierre Lampron avait déjà commencé à creuser son sillon. En juillet dernier, à 51 ans, le producteur de lait biologique de Saint-Boniface (près de Shawinigan) a été élu président des Producteurs laitiers du Canada. Cela faisait 15 ans qu’un Québécois n’avait pas été à la tête des PLC.
Fort de ses 140 vaches en stabulation libre et des 1000 acres de terre qu’il cultive avec ses frères et son fils, ce précurseur de l’agriculture biologique en Mauricie est habitué à trimer dur. Mais avec tous les défis auxquels sont aujourd’hui confrontés les producteurs laitiers, le nouveau président n’aura d’autre choix que de se recracher dans les mains.
Car il ne faut pas se le cacher, la renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA) exigée en janvier dernier par l’administration du président Trump ne sera pas une mince affaire. Il en va, entre autres, de l’avenir des 12 000 fermes laitières du pays dont plus de la moitié se trouvent au Québec.
Pierre Lampron jure qu’il talonnera le gouvernement pour s’assurer du maintien intégral de la gestion de l’offre qui est un véritable vecteur du développement économique des régions. Pour lui, ce système est absolument crucial pour les producteurs de lait du Canada qui sont d’abord et avant tout constitués de fermes familiales. Il rappelle, au passage, que les consommateurs y trouvent aussi leur compte.
«Si on perd la gestion de l’offre, c’en sera fait de la stabilité des prix. On se retrouvera comme aux États-Unis où un excédent de production de lait entraîne une baisse des prix et la fermeture de fermes, suivie d’une pénurie de lait qui provoquera une flambée des prix. Travailler avec du vivant quand les prix sont volatiles, c’est invivable. C’est intenable.»
Pierre, qui est également président de Valacta et 2e vice-président des Producteurs de lait du Québec, entend aussi défendre son industrie dans le dossier de la politique alimentaire qu’entend élaborer le gouvernement fédéral. Pour lui, elle est bien finie l’époque où certains laissaient entendre que le beurre flirtait avec le cancer.
Déterminé et rassembleur, il veut créer des alliances pour que tous les intervenants de l’industrie parlent d’une seule voix devant le gouvernement. Celui qui a travaillé sur des comités touchant le bien-être animal, la santé, la traçabilité et le transport a déjà ses entrées auprès des transformateurs et de la Fondation des maladies du cœur et de l’AVC du Canada.
Pierre Lampron aura-t-il l’énergie voulue pour mener de front tous les défis qui l’attendent ? La pente est-elle trop abrupte? Certains auront peut-être oublié que Pierre a déjà escaladé les 5 895 mètres du Kilimandjaro pour venir en aide à des jeunes de familles défavorisées.
C’est sans compter qu’il a vu le jour pas très loin de Grandes-Piles et qu’il vit à quelques kilomètres de la Cité de l’énergie !