Jean Caron et Daniel Malenfant

4 mai 2016 | Personnalité du mois

daniel.webp

Lauréats du Prix Synergie de l’innovation 2015

La laitue mène à tout, pourvu que l’on creuse! C’est exactement ce que viennent de prouver Jean Caron et Daniel Malenfant. Après huit ans d’efforts acharnés qui ont requis un investissement de plus de 5 M$, le chercheur de l’Université Laval et le directeur général de la firme Vert Nature ont développé AGIRRSOL, un logiciel qui permet de suivre et de combler en temps réel les besoins en eau des laitues et d’éviter, à la fois, le manque et le gaspillage d’eau ainsi que la perte de récoltes.

Le programme informatique qu’ils ont développé (en partenariat avec les firmes Delfland, Fermes Hotte et Van Winden, Maraîchers J.P.L Guérin & fils et Production horticole Van Winden) vient d’ailleurs de leur valoir le Prix Synergie de l’innovation 2015 décerné par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG).

«Au départ, raconte Jean Caron, ce sont de grands producteurs maraîchers qui nous ont approchés. Ils étaient confrontés au problème de la brûlure de la pointe et souhaitaient qu’on les aide à trouver une solution à ce désordre physiologique qui leurs occasionnaient de grandes pertes.»

Conscient qu’il s’agissait d’une problématique de gestion de l’irrigation, le spécialiste en physique des sols a planché sur un logiciel qui, en couplant les données de capteurs mesurant l’humidité du sol et celles des études de cartographie effectuées sur le terrain, permettrait de générer une prescription d’irrigation très précise. Puisque 30% des problèmes sont liés à l’irrigation et 40% relèvent du drainage, on comprend vite les gains de productivité que ce logiciel pourrait offrir.

«Notre logiciel, c’est exactement comme si on fournissait aux pompiers un système d’alarme qui leur prédirait où et dans combien de jours allait se déclarer l’incendie. Nous sommes en mode préventif plutôt que réactif.»

Après avoir procédé à plus de 3000 sondages sur les milliers d’acres de production des maraîchers impliqués dans le projet, un réseau de capteurs sans fil a été installé dans les champs. Ce réseau transmet au logiciel les données qu’il analyse en tenant compte des prévisions météorologiques. Les résultats sont finalement transmis au producteur qui saura alors où, quand et dans quel ordre exactement il lui faudra arroser ses parcelles de terre.  

Ces informations sont d’autant plus précieuses que le phénomène de la brûlure de la pointe résulte d’un problème de circulation du calcium dans la plante. «C’est l’eau contenue dans le sol qui transporte le calcium nécessaire à la plante, explique M. Caron. Si le sol est trop sec ou s’il est saturé d’eau, dans les deux cas, la feuille souffrira d’une déficience localisée de calcium. Notre logiciel a été conçu justement pour éviter ce problème.»

Ne nous contons pas de salade. AGIRRSOL n’est encore qu’un prototype. M. Caron et Malenfant savent qu’il faudra encore ajouter et intégrer des contraintes de drainage pour améliorer la performance du logiciel. Il sera également nécessaire d’y coupler des outils de cartographie à plus grande échelle. Et comme les drones actuellement sur le marché n’offrent pas du tout le niveau de précision que les sondes qu’utilisent aujourd’hui nos lauréats, il faudra encore patienter quelques années avant que les producteurs de jeunes pousses de laitues, d’épinards, de mesclun, voire éventuellement de pommes de terre, de canneberges, de fraises et de maïs puissent en profiter.

Découvrez aussi..
Josée Chicoine

Josée Chicoine

Des animaux à la planète Warwick, ça vous dit quelque chose ? Ça sonne sûrement une cloche (de Pavlov !) aux amateurs des fromages fermiers du vieux presbytère de Sainte-Élizabeth-de-Warwick. Mais ce que peu de gens savent encore, c’est que les bonnes vaches de la...

Carole-Anne Lapierre

Carole-Anne Lapierre

La femme qui carbure au bio Ce n’est pas parce que nos parents et nos grands-parents ont enfoncé leurs racines dans le sous-sol de Montréal-Est qu’on est forcés de rêver de raffinage de pétrole ou d’usines chimiques. Oh, que non ! Demandez-le à Carole-Anne...

Ronan Corcuff

Ronan Corcuff

L’art de faire ses choux gras Ce n’est pas d’aujourd’hui que l’humanité rêve de transformer des matières premières pour les enrichir, soigner les maladies et prolonger la vie. Il y a plus de 2 000 ans, des alchimistes chinois prétendaient déjà savoir convertir le...

Marie-Élise Samson

Marie-Élise Samson

Le goût de la terre nourricière C’est simple. Durant sa jeunesse, Marie-Élise Samson était littéralement passionnée d’équitation. La jeune fille originaire de Saint-Nicolas passait tous ses étés à un centre équestre. Le reste de l’année, ne lui demandez pas ce qu’elle...

Dernières publications

Loading
Visiter notre boutique
Suivez-nous

Facebook

Twitter

Instagram

Linkedin

Youtube

Contactez-nous
Kit média

Consultez notre Kit Média pour retrouver toutes les informations relatives à notre audience et nos offres de placement publicitaire.

PUBLICITÉ
Prochain événement
Soutenez le projet Élevage et Cultures en faisant un don

Si t'es dans l'champ, abonne-toi à notre infolettre!

Vous êtes bien inscrit(e)!

Pin It on Pinterest

Share This