Pendant des millénaires, jusqu’à 70 millions de bisons ont brouté à perte de vue les prairies du continent. Pour le million d’Amérindiens qui y vivait, le mastodonte constituait le centre de leur vie. Il aura fallu des hordes de Buffalo Bill et quelques dizaines d’années pour éradiquer quasi complètement le grand bossu et les Premières Nations qui en dépendaient. Mais un groupe le réintroduit sur les terres tribales. Il s’agit à la fois d’une reconnexion avec les traditions et d’une reconquête de la souveraineté alimentaire.
Depuis 30 ans, l’InterTribal Buffalo Council (ITBC) est parvenu à transporter 20 000 bêtes dans 55 troupeaux tribaux détenus et exploités par 76 nations membres. À elle seule, la population revitalisée de plus de 5 000 bisons du parc national de Yellowstone est considérée comme la plus sacrée, car elle représente la dernière harde sauvage génétiquement proche de celle qui foulait les prairies avant la colonisation.
Le nombre de bisons américains est aujourd’hui estimé à 350 000 individus. L’ITBC travaille avec une coalition diversifiée d’intervenants privés, publics, gouvernementaux et tribaux pour améliorer la santé des troupeaux, la viabilité économique des producteurs. Sur des réserves où un résident sur quatre souffre d’insécurité alimentaire, les 70 000 têtes de bisons transformées l’an dernier sont un baume. C’est sans parler que le retour de l’animal s’avère bénéfique pour la fertilité du sol et un moyen important de séquestrer le carbone de l’atmosphère.
Source : Civil Eats