Si on se fie à Darwin, l’ancêtre de nos poulets courait les jungles tropicales de l’Asie du Sud-Est. Comme Tarzan, la sauvagine rouge Gallus gallus se sentait tout à fait dans son élément au milieu des lianes. Domestiquées depuis au moins 4 000 ans, nos poules ont cependant pris des habitudes nettement plus sédentaires. Mais dans l’Ouest canadien, on leur fait reprendre le maquis. Un élevage en forêt destiné à améliorer la sécurité alimentaire de certaines communautés autochtones.
En raison d’une baisse notable du nombre d’orignaux et du déclin de 70 % de la diversité du stock de saumon rouge de la Colombie-Britannique au cours du siècle dernier, le projet Regenerative Poultry vise à constituer une alternative aux aliments traditionnels autochtones. En utilisant des techniques mises au point au Guatemala, la Coalition pour la conservation du bassin versant de la Skeena qui gère le projet dans la région de Hazelton a déjà produit 1 500 poulets dans une petite ferme à environ 150 kilomètres au nord-est de Terrace, en Colombie-Britannique.
Les poulets peuvent errer dans les bois à leur guise, se percher dans les arbres et aller à la chasse aux limaces, punaises et plantes, en imitant les comportements de leurs ancêtres sauvages. La nuit, ils viennent dormir à l’abri dans un petit poulailler. Le projet est basé sur le travail de Reginaldo Haslett-Marroquin. L’agriculteur s’efforce de réduire les impacts environnementaux de la production alimentaire aux États-Unis en vulgarisant ce qu’il appelle la méthode de production alimentaire « arborée » qu’il a apprise en grandissant au Guatemala. Aux dernières nouvelles, les poulets ne se frappent pas encore la poitrine en poussant le cri de l’Homme-singe.
Source : CBC