L’information profitable

17 novembre 2015 | Affaires, Avicole, Élevage

Le 16 octobre dernier, en Louisiane, Sanderson Farms tenait sa journée annuelle d’information auprès de ses investisseurs et partenaires d’affaires, non loin de son siège social de Laurel, Mississippi. Sanderson est le troisième producteur de volailles aux États-Unis derrière Tyson Foods Inc. et Pilgrim’s Pride Corp. Les représentants de l’entreprise et ses consultants ont discuté des grands sujets de l’heure tels que la grippe aviaire et l’utilisation des antibiotiques, mais également des conseils de firmes externes en matière de prix du grain et du poulet.

Au sujet de la grippe aviaire, l’entreprise a énoncé une série de mesures qui sont plutôt passives. À titre d’exemple, la compagnie souhaite continuer à mettre l’accent sur la biosécurité auprès de ses employés et ses éleveurs.

Elle s’occupe aussi de la biosécurité, de l’élaboration d’un plan de contingence en cas d’épidémie et se prépare à l’éventualité d’un resserrement des mesures de biosécurité. Bien qu’il s’agisse d’actions valables, aucune n’est proactive ni ne prévoit l’utilisation d’un système d’accès en temps réel à chacun des bâtiments de ses éleveurs. Ces systèmes permettraient la transmission de données sur l’état des élevages, tels le poids et le taux de mortalité permettant de déceler les signes de contagion.

L’usage des antibiotiques dans la production animale a fait les manchettes ces derniers mois avec certaines grandes chaînes d’alimentation adoptant de nouvelles politiques d’approvisionnement et excluant les viandes provenant d’animaux ayant reçu des antibiotiques. Sanderson a pris position et maintient l’usage des antibiotiques dans sa production. Selon la compagnie, les avantages sont la bonne santé de ses animaux, le maintien de coûts de production afin d’offrir de la viande de qualité à prix compétitif et le fait qu’il n’y a aucune preuve scientifique qu’il subsiste des traces d’antibiotiques dans la viande au moment de la consommation.

La vétérinaire Leah Dorman, de la grande  pharmaceutique américaine Phibro Animal Health Corporation, est venue expliquer en quoi le public n’a pas toute l’information en matière d’usage d’antibiotiques dans l’élevage animalier. En plus des arguments de Sanderson, le Dr Dorman a soutenu que l’usage d’antibiotiques de façon responsable comporte de nombreux avantages dont l’élimination de bactéries dans la chaîne alimentaire et des animaux en santé consommant moins de grains. Finalement, le Dr Dorman mentionne qu’il faut éviter de faire de l’élitisme alimentaire et que la viande doit demeurer abordable pour la majorité des consommateurs.

Le grain, principal intrant dans la production animale, constitue le coût le plus important (de 40 à 50 %) du coût d’élevage d’un poulet. Les grands intégrateurs comme Sanderson se tournent vers des firmes spécialisées dans le marché des grains pour établir leurs stratégies d’achats. Tim Brusnahan de la compagnie Brock Associates Inc. est venu parler des résultats du rapport d’octobre sur les récoltes, des finances des fermes productrices de grains et des perspectives des prix.

La récolte 2015 de maïs et de soya devrait être la troisième meilleure en volume et la deuxième en rendement par acre. Les prix devraient donc demeurer bas pour les prochains mois. Après trois années de prix baissiers, la santé financière des fermes productrices de grains se détériore.

Cette situation forcera ces fermes à générer des économies d’échelles en augmentant leur production ou en se tournant vers d’autres cultures pour survivre. Dans cette éventualité, l’offre diminuerait et les prix augmenteraient. Avec l’aide de conseils de firmes comme Brock, Sanderson utilise des contrats à terme pour fixer le coût et le volume de ses achats de grains. La compagnie mentionne que 50% de ses achats des prochains mois sont couverts par de tels contrats.

L’autre élément important dans la production animale est le prix de vente de ses produits. Dans le cas de Sanderson le prix des poulets est dicté par les forces du marché et reflété dans un indice appelé le Georgia Dock index.

Susan B. Trudell, de la firme EMI Express Markets Inc., a brossé un portrait de l’état actuel des prix des différentes découpes, des inventaires de produits congelés et des marchés à l’exportation. Les intégrateurs comme Sanderson tiennent compte des différentes variables fournies par des firmes comme EMI pour élaborer leur stratégie de production et de mise en marché. La forte demande interne a permis aux prix de croître de façon régulière au cours des dernières années, et ce, malgré des stocks de produits congelés élevés et des ventes à l’exportation plus faibles. La force du dollar américain, l’interdiction d’exporter en Russie et en Chine sont les principaux facteurs ayant affecté les exportations.

Malgré un cadre réglementaire canadien bien différent de celui aux États-Unis, les questions abordées par Sanderson et ses consultants sont pertinentes pour les producteurs d’ici dans un marché de plus en plus global.

Pierre

Pierre

Journaliste principal

Père fondateur d’Élevage et Cultures, Pierre a donné à la revue sa touche d’humour qui nous plaît tant. Vous pouvez retrouver tous ses articles traitant des actualités technologiques et scientifiques agricoles dans la Rubrique de Pierre.

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