Depuis longtemps, les vers de terre font le bonheur des pêcheurs qui les ont toujours crus muets. Mais voici que l’on apprend que les lombrics ont quelque chose à dire aux agriculteurs sur l’évolution de la structure du sol qu’ils entretiennent, engraissent et colonisent au bénéfice de la production agricole et de l’environnement. Encore faut-il savoir entendre et traduire ce que ces invertébrés nous racontent. Des chercheurs français et suisses ont prêté l’oreille pour décoder leur message.
En enregistrant les émissions acoustiques des vers de terre, les chercheurs de l’Inra mettent en évidence l’intérêt de cette technique pour suivre des processus biophysiques au cœur de la matière. Ils ont pu découvrir que les sons émis par les vers de terre sont principalement liés au creusement de nouvelles galeries. Au cours de l’expérimentation, ces émissions s‘amplifient pendant les quatre premiers jours. Par la suite, comme les vers profitent des galeries déjà creusées pour se balader, les émissions de bruits s’estompent et se stabilisent.
Aux dires des chercheurs, ces enregistrements d’émissions acoustiques ouvrent des perspectives intéressantes pour suivre des processus difficilement observables et identifier les conditions qui sont ou non favorables aux vers de terre. Une étude antérieure de l’Inra avait déjà démontré que les lombriciens mettent plus d’un an à décompacter un sol tassé en conditions humides, avec deux passages d’un tracteur alourdi par une remorque, une situation équivalant à une récolte de betterave après la pluie, dans les plus mauvaises conditions.
Les chercheurs avaient alors observé avec surprise que trois mois après la compaction, la recolonisation par les vers de terre revenait au même niveau que dans les zones non compactées. En revanche, la porosité du sol, attribuable aux galeries creusées par les vers n’était restaurée qu’au bout de deux ans.
Source: Inra