Les génies dans les petits pots

Depuis que l’arrière-grand-mère Alexandrina Chalifoux s’est initiée à la production de lait, jusqu’à la florissante laiterie telle qu’on la connaît depuis quatre générations, on peut affirmer sans risque que l’entreprise soreloise presque centenaire a toujours été et demeurera une affaire de… transformation.
Transformation du lait, d’abord, en obtenant dès 1942 un des premiers permis de pasteurisation avant de se lancer, en 1959, dans la production des premiers cheddars et, depuis deux ans, dans l’élaboration de pas moins de 50 nouveaux produits laitiers ultra-frais de la gamme Riviera. Puis, transformation de l’entreprise familiale qui a toujours su s’adapter aux changements technologiques, à l’évolution des goûts et aux bouleversements des marchés.
En 2011, anticipant la signature de l’Accord économique et commercial global (CETA, en anglais) avec l’Europe, Alain Chalifoux et son équipe de direction dû revoir leur planification stratégique et réorienter leurs activités. Pour faire face à la forte concurrence européenne qui s’annonçait et assurer le développement de la Laiterie Chalifoux, l’équipe se devait d’élaborer un plan d’attaque agressif. C’est ainsi qu’en 2014, une alliance stratégique s’établit avec Alsace Lait, une coopérative laitière française, et que Martin Valiquette fit son arrivée à titre de directeur général pour créer la gamme Riviera Petit Pot. À l’issue de leurs séances de remue-méninges (et de remue-mélanges!), un nouveau personnel spécialisé se joignit à l’équipe pour concrétiser et développer la gamme Riviera.
« Pour continuer de brasser des affaires, nous ne pouvions pas nous limiter à nos Parmesans, Emmentals, Cheddars ou Edams, même s’ils sont d’excellente qualité. Il nous fallait miser sur des produits ultra-frais qui s’exportent très mal. Des produits qui, comme les yogourts, les fromages frais, les crèmes sûres, les Parfaits et les desserts laitiers, ont moins de 45 jours pour passer de l’usine aux tablettes des supermarchés. Ça, en raison des délais de transport, ce n’est pas viable pour les Européens. »
– Alain Chalifoux.
L’équipe a donc modifié son usine de Sorel-Tracy en y introduisant pour plus de 30 millions de dollars d’équipement à la fine pointe de la technologie. Nouveaux concentrateurs, réservoirs, vannes. Une attention spéciale a été portée sur l’automatisation. Le contrôle de la qualité se fait par rayons X. Les embouteilleuses automatiques sont en mesure de traiter les bouteilles et pots de verre que l’entreprise a choisi de privilégier. C’est sans compter les robots qui, bientôt, empaquetteront les spécialités dans les cartons, mais qui ne mettront pas leurs 200 employés au chômage, car la production augmente.
Un million de petits pots de douceurs et autres produits sortent désormais de l’usine chaque mois. Ils sont tantôt bio, tantôt sans OGM, de plus en plus variés, santé, nutritifs, naturels, champêtres. Parfaits, quoi ! Au bleuet, miel et quinoa, banane, mangue et fruit de la passion et quoi encore !
Comment s’étonner, avec tout ça, que Riviera continue d’engranger les prix d’excellence,
année après année ?