par Jade Marquis, étudiante au Baccalauréat en Agronomie à l’Université McGill

En 2021, ce sont plus de 17 680 travailleurs étrangers temporaires (TETs) qui ont été embauchés par des producteurs québécois par l’entremise de FERME, qui recrute plus de 80% de la main-d’œuvre étrangère en agriculture au Québec.

Ces travailleurs, dont le nombre a presque doublé entre 2019 et 2022, sont essentiels au bon fonctionnement de plusieurs fermes. Plus particulièrement dans le secteur maraîcher, où les besoins en main d’œuvre sont plus importants dû à la nature délicate de certaines tâches, qui souvent ne sont pas mécanisées.

Au Canada, l’embauche de TETs se fait majoritairement par deux différentes voies: le volet agricole du Programme des travailleurs étrangers temporaires ou le Programme des travailleurs agricoles saisonniers. Les TETs, venant du Mexique ou du Guatemala pour la plupart, font face à des défis particuliers auxquels la main-d’œuvre locale n’est pas confrontée, nécessitant un besoin d’accompagnement et de soutien pour assurer une intégration harmonieuse.

Dans ce contexte, dans le cadre de mon projet de fin de baccalauréat en agronomie, j’ai décidé de faire un recensement des services destinés aux TETs ainsi que ceux offerts aux producteurs à travers la province.

Être un TET au Québec

Mes conversations avec les responsables de projets des différents organismes contactés ont fait ressortir les besoins les plus marquants en matière d’intégration.

Souvent ont été soulignés les sujets de la disponibilité et de l’accessibilité des logements, du manque d’activités sociales, de l’incompréhension des systèmes de santé et de paie, de l’ignorance de leurs droits et obligations, etc.

J’ai pu cerner un consensus général sur l’importance de l’apprentissage du français par les TETs. Apprendre la langue leur permet de maximiser leur autonomie et leur compréhension des informations communiquées par l’employeur, mais aussi d’être plus fonctionnel dans la vie quotidienne et de faciliter leur intégration dans la société, ce qui est particulièrement important pour les travailleurs qui souhaitent un jour devenir résidents permanents.

On souligne une volonté de la part des travailleurs de s’intégrer, mais le travail reste la principale raison de leur présence sur nos fermes.

Les services offerts

Mandatés par Immigrants Québec, une trentaine d’organismes reçoivent du financement du gouvernement fédéral pour offrir des services aux TETs. La grande majorité sont des organismes à but non lucratif qui œuvrent au sein de leur MRC ou de leur région administrative.

Les méthodes utilisées pour aborder les défis rencontrés sont :

• Accueil à l’aéroport;
• Aide à l’obtention d’un permis de conduire ou à l’ouverture d’un compte de banque;
• Cours de français;
• Services d’avocat;
• Transport et traduction lors de rendez-vous médicaux;
• Séances d’information sur les droits, les normes du travail et la résidence permanente;
• Organisation d’activités culturelles;
• Formation technique.

Les besoins sont connus et extériorisés, mais les services offerts ne parviennent pas à tous les combler, faute de ressources (temps, financement, employés). Le nombre de TETs qui contribueront, au travers de leur travail acharné, à la vitalité du secteur agricole, augmentera certainement dans les années à venir.

Considérant le désintérêt de la main-d’œuvre locale pour le travail agricole, il est primordial d’investir plus de ressources dans l’intégration et l’accompagnement des TETs. Le soutien des gouvernements provincial et fédéral est essentiel pour y parvenir.  Un travailleur – mais avant tout un humain – qui se sent valorisé et confortable au travail, n’en sera que plus épanoui et motivé à donner le meilleur de lui-même.

*La forme masculine a été utilisée pour simplifier le texte, mais plusieurs travailleuses sont aussi présentes sur nos fermes !