Claude Vallée, l'homme qui respire la chlorophylle

Claude Vallée, l'homme qui respire la chlorophylle

L’homme qui respire la chlorophylle

L’année où les Beatles endisquaient Lucy in the Sky with Diamonds aux studios d’Abbey Road, Claude Vallée, lui, avait une révélation à Boucherville. Installé à la fenêtre de salon du modeste 4 ½ de ses parents, le p’tit gars de cinq ans découvrait les diamants que les rayons de soleil formaient sur les pétales de la violette africaine de sa mère. De son propre aveu, c’est à partir de ce moment précis qu’il a développé une fascination pour les végétaux. La chlorophylle s’est mise à couler dans ses veines et sa soif d’apprendre est montée comme sève au temps des sucres.

Détenteur d’une maîtrise en biologie végétale de l’Université Laval, l’agronome a fait racines à l’Institut de technologie agroalimentaire du Québec (ITAQ). Aujourd’hui conseiller en développement et formation continue dans le domaine de l’agriculture durable, urbaine et en horticulture ornementale environnementale et nourricière, Claude Vallée en aura semé des graines à la volée au cours de ses 22 ans à l’ITAQ.

Créateur de « Les Exceptionnelles », ce programme de sélection des meilleures annuelles et plantes potagères, Claude est évidemment sensible à la richesse et à la beauté des cultivars qui agrémentent les habitations et les jardins. Cela dit, ce fils de machiniste n’a pourtant ménagé aucun effort pour changer la conception strictement décorative que la plupart des gens associent à l’horticulture ornementale. Il tient mordicus à ce que l’on perçoive ces végétaux tout autant pour les bienfaits qu’ils ont sur l’environnement et la santé. Ce n’est pas par hasard que Claude a été l’instigateur du Pavillon horticole écoresponsable du campus de Saint-Hyacinthe il y a une dizaine d’années.

« Nous tenions à ce que les végétaux soient incorporés pour les performances énergétiques qu’ils apportent aux bâtiments. Les toits verts et les murs végétalisés permettent de mieux gérer les eaux pluviales, d’absorber les poussières, d’améliorer la qualité de l’air et d’abaisser les températures. De plus, les plantes ont un impact positif sur la santé mentale. »

Fan fini de « La forêt verticale », ce complexe de deux gratte-ciel milanais conçu par l’architecte Stefano Boeri avec l’aide d’horticulteurs et de botanistes, Claude estime qu’il est essentiel que les nouveaux projets intègrent l’utilisation de la chlorophylle dès les premiers moments de la conception. Le récipiendaire du Prix Henry-Teuscher (2015) pour sa contribution exceptionnelle à l’avancement de l’horticulture québécoise s’explique mal que même les plantes grimpantes — l’élément le plus simple qui soit — sont à ce point sous-utilisées pour les murs verts. D’autant moins que les connaissances actuelles démontrent hors de tout doute qu’il faut végétaliser les villes.

À 61 ans, le père de quatre enfants n’est pas de ce bois qui se laisse abattre. Auteur de plus d’une centaine d’articles de vulgarisation technique dans des magazines professionnels et coauteur de trois publications, Claude est convaincu que l’enseignement enrichi qui est donné à l’ITAQ portera ses fruits. Il compte sur la relève pour contribuer à accélérer les adaptations qui doivent absolument survenir pour faire face à l’enjeu actuel des changements climatiques.

Par ailleurs, son pouce vert ne lui a pas servi que pour préconiser la conception de bâtiments écologiques. En raison de son expertise en innovation technologique dans les domaines de la production horticole et des phytotechnologies, il se préoccupe de la conservation des sols et des cours d’eau par le truchement des plantes.

Dans sa quête d’une agriculture durable, il prône l’utilisation de tous les espaces de terres agricoles pour favoriser une biodiversité qui nous aidera dans nos luttes antiparasitaires, voire pour revaloriser un résidu industriel. On ne s’étonnera pas qu’il soit professeur associé chez Biopterre, ce centre de développement des bioproduits qui vient justement d’annoncer que les champignons marins microscopiques qu’une de ses équipes a découverts dans le fleuve Saint-Laurent pourraient, entre autres, servir à protéger les cultures agricoles.

La dévotion de Claude pour les plantes est telle qu’on se demande même si elle n’aurait pas influencé sa décision d’élire domicile à Sainte-Rosalie. Après tout, en latin, le terme « rosalis » signifie « qui concerne les roses »! C’est ce qu’on appelle avoir de la suite dans les idées.

En lire plus

Patrick Mundler, les recettes de la ruralité
Jennifer Côté, à la conquête de l'autre voie lactée