Anne Blondlot, s'adapter coûte que coûte

Anne Blondlot, s'adapter coûte que coûte

S’adapter coûte que coûte

Sur terre, comme dans l’univers, tout change. Malheureusement, depuis la révolution industrielle, l’activité humaine a contribué au réchauffement planétaire à une puissance 50 fois plus grande que tous les volcans, les courants océaniques et les variations de l’énergie solaire réunis. S’il était encore de ce monde, Darwin répéterait que la survie des espèces dépend de leurs capacités à s’adapter et à évoluer. Ce n’est pas Anne Blondlot qui le contredirait.

Depuis 15 ans, l’agronome d’origine française œuvre au sein d’Ouranos, un consortium dont on pourrait dire qu’il n’est pas né de la dernière pluie, mais bien plutôt du grand verglas de 1998. À titre de coordonnatrice de programmation scientifique dans les secteurs de l’agriculture, des pêches et de l’aquaculture commerciales, Anne canalise ses énergies pour permettre à la société québécoise de mieux se préparer à la mutation du climat et à adopter des pratiques d’agriculture régénératrice. Elle est responsable des systèmes alimentaires résilients et des risques liés à la disponibilité de l’eau.

Grâce à un réseau de 450 chercheurs, experts, praticiens et décideurs de différentes disciplines, Anne Blondlot et ses collègues ont le mandat de coordonner le développement de projets de recherche scientifique qui permettent de mieux connaître et de contrer les répercussions auxquelles seront confrontés les acteurs du milieu. Elle veille aussi à ce que le travail de tous ces intervenants débouche sur des solutions prometteuses qui seront appliquées le plus efficacement possible.

« Les premiers projets d’Ouranos portaient essentiellement sur la science du climat et l’analyse de leurs impacts parce qu’il fallait développer cette connaissance et comprendre les répercussions biologiques et physiques. Aujourd’hui, nous travaillons beaucoup plus sur les implications économiques et sociales,. Nous cherchons à accélérer cette mise en œuvre des solutions tout en nous assurant qu’il y a une acceptabilité sociale. »

Sortie de l’École Nationale Supérieure d’Agronomie et des Industries Alimentaires de Nancy avec une spécialisation en productions végétales, Anne Blondlot a d’abord passé cinq ans en Indonésie. Elle y travaillait en développement rural pour le compte d’une société de consultants. Également formée en agriculture de précision, Anne a fait un saut d’un an aux États-Unis avant de retourner en France où elle s’est consacrée pendant dix ans à l’application de l’agriculture de précision ainsi qu’à l’impact des changements climatiques sur le rendement des céréales dans un institut de recherche appliquée.

Débarquée au Québec en 2008 avec conjoint et marmaille, son intérêt pour la sauvegarde de la planète ne s’est jamais démenti. Même le tout récent rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) qui nous prévient que l’humanité brûle ses dernières chances n’a pas entamé sa détermination. « C’est inquiétant, mais on n’a pas le droit de baisser les bras. On a les solutions pour réduire les gaz à effet de serre, mais ce qu’il faut maintenant, c’est la volonté politique. » Pour ses enfants, la femme de 54 ans garde espoir que les choses bougent et que des mesures seront mises en œuvre. Mais Anne ne se conte pas d’histoires. « La technologie ne nous permettra pas de continuer à surconsommer. Pour échapper à la catastrophe, il nous faut absolument changer nos comportements. » À bon entendeur, salut! Ou plutôt, le salut au bon entendeur!

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