Le dernier des biftecks

14 janvier 2018 | Alimentation, Bovin, Élevage, Environnement, Sciences, Technologies

Après 10 000 ans à élever et abattre du bétail pour sa viande dans des conditions «précaires», il serait maintenant possible de produire des protéines animales… sans animaux. Des investisseurs tels Bill Gates, Richard Branson, Cargill inc. et Tyson Foods Inc. estiment que l’idée serait sur le point de passer du rêve à la réalité. Et contrairement à ce que l’on pourrait croire, la viande cellulaire serait la planche de salut de l’industrie plutôt que de signer son arrêt de mort.

Selon Paul Shapiro, ex-vice-président des politiques à la Humane Society of the United States, organisme à but non lucratif de protection des animaux, les procédés actuels d’élevage de masse sont pensés pour un maximum d’efficacité, mais uniquement dans un contexte d’inefficience puisqu’ils requièrent de 50 à 60 milliards d’animaux par an à l’échelle mondiale. Ces animaux convertissent les protéines des plantes en des protéines animales inférieures.

Environ 70% de toutes les terres cultivées servent à la production animalière et cette industrie est responsable d’autant d’émission carbonique que le secteur du transport. Compte tenu de ces faits, la raison voudrait autrement, mais l’appétit pour la viande est si fort que dès qu’une nation commence à prospérer, ses habitants consomment plus de viande.

M. Shapiro prétend qu’il vaudrait mieux utiliser des machines pour fabriquer de la viande plutôt que d’utiliser les animaux comme machine. C’est ce qui s’est produit en 2013 lorsque le premier hamburger issu de viande cultivée a vu le jour. Créée par un scientifique de l’université Maastricht (Hollande) grâce à un don de 310 000$ de Sergey Brin, un des fondateurs de Google, la boulette avait un goût jugé acceptable, mais pas encore au point.

À l’heure actuelle, une boulette cultivée est produite pour 11$. Les coûts diminuant on se rapproche d’un produit au potentiel commercial. À preuve, les scientifiques hollandais de l’Université de Maastricht ont formé la compagnie MosaMeat. D’autres entreprises similaires ont vu le jour ces derniers temps, telles que Memphis Meat inc. fondée par le cardiologue américain Uma Valeti, ainsi que Beyond Meat inc.

Ultimement, les producteurs traditionnels de protéines sont intéressés par les profits et non par les inefficiences et les souffrances des animaux. Si la technologie permet la production de viande sans animaux et si la demande est là, pourquoi ces joueurs n’opteraient-ils pas pour ce mode de production ? Ces acteurs sont les mieux placés pour adopter ces technologies. Après tout, qui est mieux placé pour produire des pépites de poulet que Perdue Farms inc. ?

Ce n’est pas pour rien que Tyson Foods inc. a acquis une participation de 5% dans la compagnie Beyond Meat inc. par son fonds d’investissement pour les nouvelles technologies.

Pierre

Pierre

Journaliste principal

Père fondateur d’Élevage et Cultures, Pierre a donné à la revue sa touche d’humour qui nous plaît tant. Vous pouvez retrouver tous ses articles traitant des actualités technologiques et scientifiques agricoles dans la Rubrique de Pierre.

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