Chaque année, près de 10% des récoltes de céréales de la planète sont perdues en raison des tempêtes. Conscients du fait que les changements climatiques entraîneront une augmentation des bourrasques, orages et tornades, un groupe de chercheurs français souhaite améliorer la capacité des plantes à se redresser après avoir subi les foudres de Dame Nature.
Il est vrai qu’au départ, les végétaux ont une longueur d’avance sur nous puisqu’ils sont capables de percevoir leur inclinaison par rapport à la gravité sans être affectés par l’intensité des forces gravitationnelles. Une étude parue dans la revue Scientific Reports a effectivement démontré que les plantes ne confondent pas ce balancement causé par le vent avec une perte de verticalité. Partant de cette découverte, des mécanobiologistes de l’Inra et de l’Université Blaise Pascal et des physiciens du CNRS veulent savoir comment font les plantes pour ne pas avoir «la tête qui tourne».
Comme nous, les plantes possèdent un système de perception de leur orientation par rapport à la verticale, mais à défaut de posséder une oreille interne, les graminées disposent d’un tas de petits grains d’amidons (statolithes) qui sédimentent au sein de cellules spécialisées réparties tout au long des tiges des plantes. Ce système miniaturisé fonctionne si bien que tous les manèges de la Ronde réunis n’auraient aucun effet sur elles.
Afin de pouvoir suivre en temps réel et de manière précise les mouvements des statolithes dans les cellules et décrypter les phénomènes cellulaires et moléculaires qui permettent aux plantes de ne pas être affectées par l’intensité des forces gravitationnelles, les chercheurs ont réalisé un «manège à plantes» en disposant une chambre de culture de plantes sur une centrifugeuse à deux axes de rotation, similaire à celles utilisées pour entraîner les astronautes.
Ils ont fait subir ce supplice à plusieurs centaines de plantes appartenant à quatre espèces représentatives des grands types de plantes à fleurs cultivées (le blé, la lentille, le tournesol et l’arabette des dames). Grâce à ces expérimentations que certains pourraient qualifier de «guantanaméennes», les scientifiques espèrent pouvoir aider les plantes à mieux tenir tête aux éléments.
Source: INRA