Le chemin de l’enfer est pavé de bonnes intentions, disait Saint-Bernard. Une chercheuse de la North Carolina A & T State University et son équipe est en train de prouver que leurs meilleures intentions sont loin d’être vouées à la catastrophe. Au contraire, Ellie Fini a trouvé une façon d’extraire l’huile que contient le lisier de porc pour s’en servir à paver les routes. Mélangé à du gravier, le produit recyclé baptisé PiGrid donne un bioadhésif, un nouveau type d’asphalte apparemment très résistant…
Ce n’est pas la matière première qui manque. Chaque année, les producteurs de porcs du monde génèrent 43 milliards de gallons (US) de lisier. Aux États-Unis, les 6 milliards de gallons de lisier annuels permettraient de produire l’équivalent de 88 millions de barils de pétrole et des revenus potentiels de 128 milliards $ US. Quand on sait que les fosses à lisiers sont une énorme épine au pied des éleveurs, l’idée ne pourrait que séduire. D’autant plus que le coût de revient de ce bioadhésif ne serait que de 56 cents US le gallon et qu’il reviendrait à 75% moins cher que l’asphalte !
Avec un groupe de partenaires, Elle Fini a fondé la Bio Adhesive Alliance inc. Le groupe a procédé à des tests de simulation de résistance du nouveau matériau au trafic routier qui semblent extrêmement prometteurs. De plus, le PiGrid se travaille à 123 °C au lieu des 155 °C requis pour l’asphalte traditionnel et produit 60% moins d’émissions polluantes.
Le nouveau produit s’annonce tellement efficace que presque rien ne se perd. Outre son utilisation pour les routes, il peut servir à la fabrication de tapis, à la reliure de livres et même dans l’installation de planchers. Pour ne rien gâcher, les sous-produits du bioadhésif constituent un engrais pour les agriculteurs. Par ailleurs, des chercheurs travaillent sur des façons de réduire la quantité d’ammoniac dans le lisier, d’en faire un fertilisant moins nocif et d’en extraire le méthane qui pourrait être utilisé comme source d’énergie.
Les nids de poules n’ont qu’à bien se tenir !