Dans l’Empire ottoman, les sultans pouvaient s’éloigner de leurs harems la conscience tranquille. Les eunuques à qui ils en confiaient la garde ne risquaient pas d’engendrer de menaçants rivaux. Mais les temps changent. En manipulant l’outil d’édition de gènes CRISPR-Cas9, des scientifiques peuvent désormais éliminer un gène spécifique à la fertilité masculine chez des embryons d’animaux. Ils naissent stériles, mais on parvient à transplanter dans leurs testicules des cellules souches de mâles génétiquement bien pourvus.
Grâce à leurs nouveaux spermatozoïdes, ces porcs, chèvres et bovins de substitution pourront transmettre un matériel génétique des animaux donneurs sélectionnés, sans entraves, tout en interagissant normalement avec le reste du troupeau. En plus d’accélérer la diffusion des caractéristiques souhaitables chez le bétail, cette technologie donne espoir d’améliorer la production alimentaire pour une population mondiale croissante en obtenant des bêtes plus résistantes aux maladies, plus tolérantes à la chaleur ou offrant une meilleure qualité de viande. Cela permettrait aussi aux éleveurs des régions éloignées d’avoir un meilleur accès au matériel génétique des animaux d’élite d’autres parties du monde et de surmonter les limites de l’élevage sélectif et de l’insémination artificielle.
Après six années de collaboration entre des chercheurs de la Washington State University (WSU), de l’Université d’État de l’Utah, de l’Université du Maryland et de l’Institut Roslin de l’Université d’Édimbourg au Royaume-Uni le traitement sur des souris s’est avéré un succès. Avant de passer aux plus gros animaux, le laboratoire peaufine son processus de transplantation. Il reste encore à convaincre les législateurs et le public que l’édition de gènes n’a rien à voir avec la manipulation génétique. En attendant, la réglementation actuelle partout dans le monde ne permettrait pas leur entrée dans la chaîne alimentaire.
Source : Phys.org