Caroline Dufour-L’Arrivée

1 juin 2022 | Personnalité du mois

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Crédit photo: L’Ordre des agronomes du Québec

La Dame en vert

Quand on nait à Grand-Métis sur la terre du plus gros producteur d’œufs du bas Saint-Laurent et que chaque été de son enfance l’on visite les Jardins de Métis et rend hommage à l’emblématique pavot bleu de l’Himalaya, peut-on vraiment échapper à son destin ? Il semble bien que non. Le cœur tatoué à vie par la nature, Caroline Dufour-L’Arrivée a fondé il y a six ans Agriculture vivante, son entreprise de services agronomiques voués à l’agroécologie.

Cumulant des bacs en biologie, en génie civil et en agronomie, la jeune femme de 39 ans a également engrangé dans sa besace une maîtrise sur le traitement du lisier de porc par biofiltration et un diplôme de l’Institut de recherche et de développement en agroenvironnement (IRDA).

En matière d’agriculture vivante, pas de doute que Caroline Dufour-L’Arrivée embrasse large. En plus de ses activités de recherche et de ses formations en microbiologie des sols, en design, en permaculture, en forêts nourricières, en vergers biologiques et agroécologie, Caroline sème à tout vent ses enseignements (voir la vidéo) dans l’espoir de sensibiliser la relève agricole et les gentlemen-fermiers à de nouvelles façons de produire de manière plus écoresponsable.

Depuis ses premiers contacts avec la foresterie (et les mouches noires !) à planter des arbres dans le nord du Québec et en Australie, les voyages de recherche qu’elle a réalisés dans les Caraïbes et au Togo lui ont révélé de désastreuses réalités. La pollution épouvantable des cours d’eau, la négligence dans la gestion des déchets, les pesticides utilisés à tort et à travers, l’érosion des sols, l’ont bouleversée. Une chance qu’elle est pétrie d’optimisme.

« J’aimerais amener l’agroforesterie dans les grandes cultures, mais il y a beaucoup de sensibilisation à faire. Pas plus loin que dans la plaine du Saint-Laurent, certains agriculteurs soutiennent encore qu’ils ne vont pas se mettre à planter des arbres là où leurs pères les ont abattus. Leurs sols ne sont pas couverts et l’érosion les affectent. Mais lorsqu’ils pensent au coût du pied carré de leurs terres, ils ne voient pas comment ils pourraient faire de la revalorisation avec l’agroforesterie. Heureusement, les mentalités changent et la relève veut autre chose que des solutions “plaster” ».

En 2014, bien avant que le ministre des Transports parle de la densification urbaine comme d’une « mode », Caroline implantait Au coin de ma rue, un projet de potager-forestier collectif auto-fertile et durable qui se présente sous la forme d’un écosystème nourricier de sept étages : la canopée haute (arbres fruitiers), la canopée basse (arbres à fruits et à noix de petite taille), les arbustes, les herbacées, la couche verticale (plantes grimpantes, vignes, haricots, etc.), les couvre-sol et la rhizosphère (la partie du sol située autour des racines des plantes). Bref, une vision d’avenir qui favorise la biodiversité même au cœur des milieux urbains. On compte aujourd’hui au Québec une quinzaine de forêts nourricières qui vont de l’équivalent de deux terrains de tennis à celui d’un terrain de soccer.

Il y a à peine deux semaines, grâce à la Bourse Laure Waridel, Caroline mettait la dernière main à son Guide d’accompagnement pour l’implantation de forêts nourricières collectives dont la sortie est prévue pour 2023 aux éditions Écosociété.

Engagée par l’Institut de technologie agroalimentaire du Québec (ITAQ) depuis 2020, c’est tout un programme d’agroécologie qu’elle dispense en ligne. La jeune femme promulgue l’agroécologie, la permaculture et l’approche globale des sols vivants. Si Caroline admet qu’en matière de transition écologique la culture bio a ses limites, elle n’en trouve pas moins qu’il s’agit d’un grand pas dans la bonne direction. Et elle se réjouit du fait qu’il y a de moins en moins de fermes conventionnelles.

Transplantée à Sainte-Anne-de-Beaupré, Caroline Dufour-L’Arrivée souhaiterait bien pouvoir y acquérir un lopin à elle d’où elle pourrait y faire ses enseignements. Sans peut-être le savoir, l’initiatrice écolo marche ainsi sur les traces d’Étienne Racine, le pionnier fondateur de cette bourgade qui, en 1650, s’y est vu concéder une terre. Un nom de famille qui a de quoi inspirer la Dame en vert !

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