Julie Bissonnette, la relève de l’Avenir

Julie Bissonnette, la relève de l’Avenir

La relève de l’Avenir

En un siècle, la superficie moyenne des fermes canadiennes a été multipliée par trois*. De son côté, au fil des 75 dernières années, le nombre de fermes au Québec a connu une baisse d’environ 90 %. Et comme en 2020, le prix des terres agricoles a augmenté en moyenne de 7,3 % et jusqu’à 32,4 % en Estrie, pas besoin de faire un dessin pour comprendre que les nouveaux agriculteurs vivent des temps difficiles.

Qu’à cela ne tienne, ne comptez pas sur Julie Bissonnette pour se débiner. Au contraire. La jeune présidente de la Fédération de la relève agricole du Québec (FRAQ) a de l’énergie à revendre. Et on ne parle pas de l’énergie du désespoir.

Oui, le prix des terres s’envole. C’est aussi vrai que la machinerie coûte les yeux de la tête. Et on ne peut pas nier qu’il est difficile pour les nouveaux fermiers d’acheter suffisamment de quotas de production pour être compétitifs sur le marché. Mais la femme de 28 ans qui a été élevée sur une ferme laitière de Verchères retourne toutes les pierres sur son terrain d’expertise pour aider les jeunes de 16 ans à 39 ans passionnés d’agriculture à relever le défi. Ils sont 2 000 au sein de la FRAQ.

Depuis l’âge de 17 ans, Julie, qui a décroché un diplôme de Gestion et technologies d’entreprise agricole de l’ITA, s’intéresse au sort de la relève. Au début, elle prenait surtout plaisir à développer des contacts pour des activités sociales, mais elle s’est vite piquée au jeu. Début vingtaine, elle devient présidente au niveau régional, puis provincial. Elle montrera d’autant plus d’enthousiasme qu’à l’époque, elle rencontre Olivier Fleury qui avait démarré une ferme laitière peu de temps avant qu’ils ne lient leurs destins. Aujourd’hui installé à L’Avenir, le couple bichonne 45 vaches laitières. Et Julie est plongée dans un tourbillon de représentation politique à l’échelle nationale.

« Les écoles d’agriculture sont pleines. La relève est au rendez-vous, mais elle a des difficultés à s’établir. Nous cherchons des façons de faciliter l’achat de terre. Nous voulons améliorer les programmes existants pour que plus de jeunes puissent en profiter. Ce ne sont pas les revendications qui manquent. À titre d’exemples, nous multiplions les démarches pour que le transfert de fermes familiales soit fiscalement aussi avantageux qu’il l’est pour ceux qui ne sont pas liés entre eux. Nous réclamons également qu’il n’y ait plus de différence entre les agriculteurs à temps plein et à temps partiel en ce qui concerne la prime à l’établissement. »

Les problématiques identifiées dans chacune des 13 régions représentées par la FRAQ remontent la chaîne jusqu’au niveau provincial ou national où s’élaborent les représentations. Julie Bissonnette raconte que c’est souvent le gouvernement lui-même qui vient les consulter. Mais la fédération n’attend pas que l’on frappe à sa porte pour donner l’heure juste sur les réalités du terrain et soumettre ses revendications.

Des MAPAQ, MEES, MELCC, SADC, FADQ, UPA, AJRQ, FIRA, en voulez-vous, en v’là ! Tout ce beau monde et bien d’autres organismes sont appelés à négocier avec le mouvement qui veille aux intérêts de la relève. Pourquoi Julie s’arrêterait-elle en si bon chemin ? Elle s’implique aussi au niveau international. Ces dernières années, elle a participé à deux sommets en France et en Allemagne. Tous les deux ou trois mois, elle partage avec des groupes d’une quinzaine de pays les problèmes et les solutions qui concernent finalement tous les nouveaux agriculteurs du monde. À n’en pas douter, Julie Bissonnette incarne bien la relève de… L’Avenir et d’ailleurs !

*CREATE

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