Couture & Filles, les cinq doigts de la main

Couture & Filles, les cinq doigts de la main

Les cinq doigts de la main

« Qu’est-ce qui vous ferait plaisir, aujourd’hui, Madame? Un beau p’tit rôti d’épaule? Du filet mignon, de la bavette, des côtes levées de dos? J’ai de la Toulouse toute fraîche. Avez-vous déjà goûté à ma tête fromagée et à mes terrines? Ahhh!  Vous voudriez du jambon à l’os. Je vois que Madame est une connaisseuse. Je vous jure sur la tête de Saint-Rémi-de-Tingwick que vous n’en trouverez pas du comme-ça nulle part ailleurs! » 

En achetant la porcherie Marigro, il y a 29 ans, Marco Couture et Lyne Groleau en ont vu passer du petit cochon rose. Et depuis qu’ils ont ouvert en 2004 leur boucherie-charcuterie La Jambonnière, on peut dire que ça grouille pas à peu près à 30 km de Victoriaville. Béni des dieux, le couple a pu compter sur ses cinq filles pour lui prêter main-forte. Même qu’aujourd’hui, Marie-Pier (29 ans), Caroline et Cynthia (28 ans), Marie-Ève (26 ans) et Audrey (22 ans) prennent graduellement la relève de l’entreprise familiale. Et, croyez-nous, elles n’arrivent pas les mains vides.

De l’aînée à la benjamine, elles ont toutes dans leur besace de précieux diplômes. Marie-Pier qui complète un bac en ressources humaines a déjà en poche une technique en comptabilité et gestion. Cynthia met à profit son certificat en gestion de PME et ses études en transformation des aliments. Marie-Ève a décroché un bac en sciences et technologies des aliments. Pour Caroline, c’est un diplôme en agroéconomie. Pas en reste, Audrey peut brandir sa technique en gestion d’entreprise agricole. Bref, ensemble, les cinq rayonnantes jeunes femmes sont comme les cinq doigts de la main.

D’ailleurs, au cours des 18 derniers mois, elles n’ont pas eu trop de toutes leurs sciences combinées pour affronter la vague pandémique qui a frappé le monde. Bénéficiant aussi de l’expertise de Marco et Lyne, non seulement n’ont-elles pas trop tiré le diable (ni le cochon!) par la queue, mais elles sont plutôt parvenues à bien tirer leur épingle du jeu. 

Bien sûr, les commandes de leurs clients restaurateurs se sont effondrées, sans parler des problèmes de main-d’œuvre qui ont résulté de la COVID et de la grève chez Olymel. Mais le clan Couture a su habilement raccommoder les trous. Se rabattant sur l’engouement soudain pour l’achat local, les jeunes femmes ont, entre autres, misé sur les petits emballages en format « détail » et les sacs prêts à emporter. Elles se sont si bien adaptées à la situation que la transformation sur place est passée de 40% à 50%. De quoi occuper les 20 employés de la boucherie.

« On va en profiter pour agrandir et refaire une beauté à notre boutique de vente au détail à la ferme. Par ailleurs, nous nous apprêtons à acheter une machine de thermoformage qui nous permettra d’offrir des emballages sous vide et d’augmenter la durée de vie de nos viandes. De plus, comme il y a beaucoup de gens qui appellent pour des commandes, nous sommes en train de mettre sur pied une boutique en ligne. D’ici les fêtes, nos clients devraient pouvoir faire leurs achats sur notre plate-forme et nous nous occuperons de la livraison. »

À cela, il faut ajouter le projet de doubler le cheptel pour atteindre le nombre de  300 truies de race Yorkshire et Landrace. En ce moment, les Couture sont dans les préparatifs de l’agrandissement de la porcherie. C’est la valse des ingénieurs, des entrepreneurs, des fournisseurs et des vendeurs d’équipement qui bat son plein avant la construction qui est prévue pour l’an prochain. 

Heureusement, le quintette s’accorde à merveille et joue à l’unisson. C’est aussi le cas avec les employés. Il n’y a qu’à penser à Murielle – Mumu pour les intimes –, leur ancienne nounou qui les a toutes vues grandir et qui est devenue cuisinière à la Jambonnière. Même les trois ouvriers guatémaltèques qui s’occupent des animaux depuis deux ans font pratiquement partie de la famille. « Ils ont toujours hâte de retourner voir leurs familles, raconte Audrey, mais une fois là-bas, ils s’ennuient de nous et nous appellent souvent. » Il n’y a donc pas que les clients qui leur sont fidèles. Bonne nouvelle. Très bonne nouvelle.

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