David Duval 

4 juillet 2020 | Personnalité du mois

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Capitaine tempête

En 2017, on estimait qu’au cours des dix prochaines années, la consommation de viande porcine augmenterait de 9 % dans le monde. De quoi réjouir les 2800 éleveurs de porcs québécois. Forts des 7 millions de cochons qui sortent de leurs porcheries chaque année, nos éleveurs pouvaient espérer que cette prévision leur permette de stimuler encore davantage leur production qui constitue le 2e secteur agroalimentaire en importance au Québec.

Mais ça, c’était avant la guerre commerciale entre Washington et Beijing qui a fait exploser les droits de douane. Avant que le prix offert par les abattoirs aux producteurs de porc ait diminué de près de 50 %. Avant que la Chine ne bloque ses importations de porc québécois à la suite de l’arrestation, à Vancouver, de la chef de la direction financière de Huawei, Meng Wanzhou. Avant que la COVID-19 ne pétrifie le commerce planétaire et ne soulève la crainte de devoir euthanasier plus de 100 000 bêtes. Ne manquerait plus maintenant qu’une épidémie de peste porcine africaine! 

Qu’à cela ne tienne, des crises, David Duval en a vu d’autres. Si le président des Éleveurs de porcs du Québec avoue avoir été un peu nerveux lorsque l’abattoir de Yamachiche a dû fermer ses portes, il n’en démord pas. À chaque problème, il y a une solution et les éleveurs savent répondre aux défis qui se présentent.

Fils de fromagers français venus s’établir au Québec au début des années 1960, David avait l’embarras du choix. S’il soutient qu’il aurait pu faire carrière dans n’importe quel domaine, il a choisi de s’investir dans la production porcine pour la simple et bonne raison que l’interaction avec les animaux le rendait heureux. Depuis l’achat de sa première ferme en 1990 à Sainte-Hélène-de-Bagot (Montérégie), il se retrouve aujourd’hui avec 42 000 porcs d’engraissement et environ 36 000 porcelets de pouponnière. Ça commence à faire pas mal de petits bonheurs !

C’est peut-être ce qui fait de cet homme terre-à-terre un optimiste de nature capable de voguer sur une mer parfois démontée alors que d’autres sont sur le pont, le cœur dans la bouche. Comme il le dit lui-même : « Je ne coulerai pas avec mon bateau, parce que mon bateau ne coulera pas! »

Pour garder le cap dans ce milieu très compétitif, il faut non seulement bien comprendre les enjeux et s’entourer de gens compétents, mais aussi savoir réagir très rapidement. 

« On n’a pas le choix d’être performant. On compétitionne avec des filières porcines différentes à travers la planète. Des entreprises qui ont adopté des technologies impressionnantes. Aujourd’hui, on a besoin d’innovations qui soient facilement utilisables par n’importe quel employé. Il faut que ça soit convivial. »

Cette révolution technologique, David Duval la voit à l’œuvre ici même. Elle se retrouve tant dans la distribution intelligente de l’alimentation des animaux, dans l’insémination artificielle, la gestion de la place de couchette pour la truie qui a ses cochonnets, le bien-être de l’animal, les systèmes de ventilation, du contrôle de la terre et dans tous les rapports réguliers qui sont émis systématiquement pour prévenir, modifier ou ajuster les paramètres essentiels pour une production optimale.

Selon David Duval, le fait que les 1 800 fermes porcines du Québec comptent en moyenne 475 truies au lieu des 1 070 aux États-Unis représente un avantage pour l’implantation de nouvelles technologies puisque cela impose un coût moins lourd sur l’ensemble de la structure de l’entreprise. Il se réjouit aussi du fait que nos éleveurs travaillent avec plusieurs modèles d’affaires qui ne sont pas en compétition, mais qui convergent vers un seul et même objectif.

COVID, pas COVID, les Éleveurs de porcs du Québec réalisent chaque semaine un direct sur Facebook destiné à ses producteurs. Il sert à définir leur positionnement sur le marché, à donner des informations sur les activités de la semaine précédente. Et l’organisation n’est pas fâchée de constater que l’achat local a pris beaucoup de vigueur depuis l’an dernier, entre autres, avec des annonces comme celles d’IGA de ne plus acheter que du porc québécois. Une autre mesure qui permet à des commerces et des municipalités un peu partout à travers la province de mieux vivre.

À 52 ans, David n’est pas du tout prêt à quitter la barre. Il vient d’acheter des terres en Estrie où il compte bien construire une maternité. Mais il a un autre objectif en tête. Ramener une nouvelle génération à croire que l’industrie porcine est une avenue intéressante pour qui souhaite s’accomplir dans plusieurs domaines tels le bien-être animal, la gestion, l’informatique, les ressources humaines… Et pour qui craindrait devoir y consacrer trop de temps, David rappelle que les travailleurs étrangers peuvent faire partie de la solution pour qui souhaiterait mener une vie « normale ».

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