
Le conquérant de la performance
Lorsqu’il a appris comme vous et moi la façon dont les autorités sanitaires japonaises géraient la crise du coronavirus à bord du Diamond Princess, Christian Blais a été estomaqué. Il n’en revenait tout simplement pas qu’au lieu de débarquer du paquebot les deux porteurs du virus, on ait laissé tout le monde mariner dans ce bouillon très contagieux.
Qu’est-ce qu’il connait là-dedans, M. Blais? Il s’adonne que le directeur général d’Isoporc, le deuxième plus gros producteur indépendant de porcs au Québec, gère, chaque semaine, le mouvement de pas moins de 35 000 porcs. Il sait fort bien qu’on ne rigole pas avec des virus qui peuvent se répandre comme une trainée de poudre. Une partie de sa job, c’est justement de veiller à ce que ses troupeaux soient et restent en parfaite santé.
Afin de préserver la santé et la valeur des quelque 500 000 porcs que ses 150 propriétaires partenaires produisent annuellement sur 186 sites d’élevage, l’agronome spécialisé en production animale se doit d’être super vigilant et de réagir extrêmement rapidement à la moindre alerte. Pour éviter toute hécatombe, Christian Blais, qui est également directeur général de Gène-Alliance et de la Meunerie St-Hugues, mise sur les technologies de pointe.
« En 2015, j’ai eu la chance de visiter des fermes connectées à plusieurs endroits dans le monde. J’ai réalisé combien ces avancées technologies permettaient d’obtenir des informations précieuses en temps réel et d’améliorer sensiblement la santé et la production. Depuis, nous avons créé Isogestion, un ensemble de logiciels de gestion d’élevage qui nous permet de prendre les meilleures décisions. Avec l’aide de Maximus Software, une firme d’ici qui développe des équipements de surveillance et d’automatisation des tâches, nous avons grandement amélioré la santé et les performances zootechniques de nos élevages tout en réduisant les coûts de production. »
Fini le temps où deux groupes de porcs similaires élevés sur la même ferme et avec la même alimentation présentaient, en fin de course, des performances différentes impossibles à expliquer. Dorénavant, ses producteurs, munis de tablettes connectées, peuvent entrer et transmettre en temps réel toutes les données qui permettent à la fois d’anticiper les problèmes et de les contrôler. Non seulement les éleveurs peuvent maintenant savoir pourquoi certains porcs prennent 1000 grammes par jour alors que d’autres n’en gagnent que 800, mais ils sont en mesure, par exemple, de modifier automatiquement le programme alimentaire pour corriger le tir.
À 55 ans, Christian qui a grandi sur une ferme laitière est un témoin privilégié des changements qui ont bouleversé le monde agricole au cours de ses 32 années de carrière dans le milieu. Un défi qui continue de passionner celui qui s’est investi à fond dans tous les secteurs de la production porcine et qui s’apprête maintenant à amener l’industrie à franchir le cap de la gestion 4.0.