Jusqu’à la dernière goutte !
Comme son père et son grand-père, il n’est vraiment pas du genre à mettre tous ses œufs dans le même panier. Il y a neuf ans, lorsqu’il a pris les commandes de la ferme familiale, Philippe Lemieux a perpétué la production de lait et entaillé ses 30 000 érables, en plus de s’occuper de ses terres à bois et de la culture de ses champs de Saint-Ignace, près de l’Île-aux-Grues. Les fluctuations des marchés étant ce qu’elles sont, Philippe a tenu à maintenir une gestion très serrée de toutes les activités
de la ferme.
Il y est parvenu si bien, que tout récemment, la Financière agricole du Québec l’a sacré premier lauréat du 13e concours Tournez-vous vers l’excellence! pour ses aptitudes professionnelles et ses qualités de gestionnaire. Pour ne rien gâter, on lui a aussi remis une bourse de 5 000$.
On ne peut pas cacher le fait que tous les secteurs de son entreprise ont connu une progression impressionnante. Son chiffre d’affaires a même doublé au cours des dernières années.
Bien sûr, Philippe n’a pas tout appris sur le tas. Il raconte que pendant ses études en gestion d’entreprise agricole à l’ITA de Saint-Hyacinthe, on lui avait confié, à titre de président du salon étudiant, la gestion d’un budget de 150 000$. Pour quelqu’un qui n’avait jamais eu d’autre pécule que son gros cochon en porcelaine, ce n’était pas de la petite bière. Mais l’expérience s’est avérée très payante. Après son bac, ses fonctions estudiantines qui avaient exigé qu’il négocie avec des partenaires financiers, une grande institution l’embauche à titre de directeur de comptes agricoles. En voulez-vous des portefeuilles de prêts ? En v’là !
Philippe Lemieux fait toujours partie d’un groupe-conseil en gestion, ce qui lui permet d’obtenir un portrait détaillé de ses coûts de production par culture et de comparer ses résultats avec ses pairs. Cela lui a permis de prendre des décisions éclairées qui ont nettement favorisé la croissance de son entreprise.
«Je priorise les investissements qui rapportent de la liquidité à court terme. Au niveau de la production, je préfère travailler efficacement et presser le citron jusqu’à la dernière goutte avant de passer à la vitesse supérieure. Je mise sur des technologies de précision. Mon semoir me donne une ou deux tonnes de foin de plus par hectare. Mes trayeuses à retrait automatique me fournissent un tas de données et me permettent de savoir tout de suite si j’ai une vache qui commence à être malade. Pour le sirop, grâce à mon concentrateur, j’obtiens la même quantité en faisant bouillir dix fois moins d’eau.»
Grand bien lui fait, car si à 30 ans Philippe pouvait passer des nuits à faire bouillir de l’eau d’érable, presque dix ans plus tard, il trouve les lendemains de veille un peu plus difficiles. Avec une machine bien calibrée, il a une grande satisfaction à concocter son petit mélange 60% luzerne, 30% graminées qui lui donne un beau fourrage de qualité et lui permet de réduire ses achats de moulées de cinq à six kilos par vache comme c’est le cas dans la plupart des fermes. Tout cela lui permet de mieux pourvoir aux besoins de sa petite famille de cinq enfants.
Amenez-en de l’efficacité !