Les hommages posthumes
Le 27 avril dernier, c’est en rang très très serré que sept membres de la famille Rodrigue de Saint-Simon-Les-Mines, en Beauce, se sont présentés à Charlottetown. Ils se rendaient à l’Île-du-
Prince-Édouard pour recevoir la plaque de Maître-Éleveur Holstein décernée à Dany pour ses performances des 14 dernières années. Ça faisait un petit bout de temps que Dany Rodrigue, le propriétaire de la Ferme Rodveil, rêvait de décrocher la plus prestigieuse reconnaissance
accordée à la crème de la crème en matière de production laitière et de conformation remarquable de ses vaches.
La musique folk des East Pointers, les cérémonies privées et publiques, de même que le banquet, tout avait été organisé de façon à réjouir la famille Rodrigue et les 20 autres récipiendaires du titre de Maître-Éleveur. Hélas, ce ne sont pas les nuages bas, la pluie fine et les petits 7 °C de l’air marin qui ont rembruni la célébration. C’est plutôt que le principal intéressé n’était pas de la fête. Dany est mort le 26 septembre 2018 en tentant de sauver un de ses employés guatémaltèques tombé inconscient dans le silo de la ferme. Ses grandes compétences en reproduction, en santé animale, en production laitière et en longévité ne lui auront été d’aucun secours contre les gaz toxiques de l’ensilage.
C’est malheureusement à titre posthume que les parents de Dany, Léa-Maude, sa fille à peine adolescente, son frère Mario, sa conjointe, son frère Sylvio et sa conjointe recueilleront la reconnaissance la plus convoitée dans le milieu Holstein.
Joint au téléphone après le Congrès national d’avril 2019, Mario Rodrigue a rappelé que son frère Dany ambitionnait de se hisser sur la plus haute marche. Quelques semaines avant son décès, il avait dit à son père André que si jamais il décrochait le titre de Maître-Éleveur, il souhaitait qu’il soit à ses côtés pour récolter son prix.
Un moment de silence en mémoire de Dany Rodrigue
On le comprend d’avoir voulu partager ce haut fait d’armes avec son paternel et sa mère. C’est son père qui, des années plus tôt, avait fait l’acquisition de Tempo, la perle rare qui engendrera une descendance d’exception. En misant sur les meilleures souches embryonnaires et à force de patience et de ténacité, Dany avait fini par se constituer un troupeau hors pair. Non seulement l’âge moyen de son cheptel (4 ans 7 mois) dépasse-t-il de 11 mois la moyenne nationale, mais il compte dans sa classification, 12 excellentes, 48 très bonnes, 19 bonnes + qui lui donnent une production moyenne de 13 398 kilos de lait. De quoi bomber le torse… et gonfler les pis !
Depuis son départ aussi subit que dramatique, la famille a maintenu la production laitière en stabulation entravée et conservé les 220 acres en foin et en ensilage de maïs. Pour l’instant, les plans qu’avait Dany pour la construction d’une nouvelle étable pour les taures restent sur la glace. Quatre employés, dont deux Guatémaltèques veillent à l’exploitation de la ferme sous l’œil bienveillant d’André qui, bien que ses enfants aimeraient qu’il se la coule plus douce, ne peut encore s’empêcher de veiller au grain et d’arpenter les champs et la ferme du domaine familial qu’il a créé. C’est ce qui arrive quand on a du cœur au ventre et que l’on désire toujours aller de l’avant, voir plus loin.