
Le seigneur des agneaux
Vétérinaire spécialisé dans les soins pour les grands animaux depuis une trentaine d’années, Simon Verge a quand même toujours eu un faible pour les plus petites bêtes. À preuve, cet éleveur de bouviers bernois de 52 ans compte à son palmarès plus de 30 champions en conformation et ses chiots se retrouvent aujourd’hui disséminés jusqu’en Australie. Mais il y a plus. Depuis deux ans et demi, Simon s’est donné pour mission de bâtir un troupeau élite dans quelques races de moutons dites terminales.
Sur la ferme Noble Hills qu’il a achetée avec un partenaire juste en dehors de Danville, le vice-président du Regroupement des éleveurs de chiens champions du Québec (RECCQ) a fait son choix parmi la quarantaine de races d’ovins présentes au pays.
Il a pris soin de tirer parti du Programme pour l’assainissement des troupeaux d’ovins pour le Maëdi Visna et de procéder au génotypage contre cette autre maladie qu’est la tremblante du mouton avant d’acheter des spécimens Charolais, Texel, Rouge de l’Ouest, Suffolk et Dorper qu’il considérait pouvoir offrir un bon potentiel à explorer.
Simon Verge a vécu l’expérience à petite échelle, en expérimentant les croisements et en jonglant avec la sélection génétique afin d’offrir des moutons dont les qualités génétiques permettraient de développer une capacité à transformer efficacement les aliments en muscles, d’obtenir des agneaux avec un meilleur poids à la naissance, un taux de survie plus élevé, une croissance rapide et une bonne musculature. Il veille aussi à ce que les pièces de viande les plus prisées contiennent moins de gras.
«Nous faisons appel à un service officiel de mesure par ultrasons pour évaluer le gras dorsal et l’épaisseur de l’œil de longe. Il faut que nous tenions compte des intérêts des éleveurs commerciaux et que je sois très attentif aux besoins du marché et des consommateurs. Le programme Genovis nous permet d’atteindre les plus hauts objectifs de sélection génétique et de comparer nos bêtes à l’échelle du Canada tout entier.»
Pour se faciliter un peu la tâche et suivre en temps réel l’évolution de 140 moutons, Simon Verge a recours à des caméras de surveillance branchées directement sur son téléphone. Il procède à des pesées à 50 jours, puis à 100 jours et travaille avec l’indice de sélection Carcasse pour sélectionner les animaux qui répondront le mieux aux objectifs qu’il s’est fixés. Pour ce vétérinaire toujours en exercice, son entreprise pourrait bien lui servir de tremplin pour une préretraite.
Mais qu’on ne s’y méprenne pas. Simon n’a aucune intention de compter les moutons pour s’endormir.