
L’avenir dans Charlevoix
Le 30 novembre dernier, sur l’heure du midi, la famille charlevoisienne des Gauthier recevait le titre de Famille agricole de l’année. Une première dans la région. Gisèle Bouchard, veuve de Roger Gauthier, n’était pas peu fière de ses sept enfants, 24 petits-enfants et (presque) 24 arrière-petits-enfants qui font sa joie et assurent la relève de l’exploitation porcine débutée par Roger, il y a 62 ans.
Gilles Gauthier, fils de Gisèle, exploite la terre familiale depuis 42 ans. Il rappelle que leur cheptel est passé de 40 truies, en 1965, à un bon millier de têtes réparties dans quatre porcheries établies sur 210 hectares qui accueillent aussi 50 vaches de boucherie entre Saint-Irénée et Saint-Hilarion. C’est sans parler que la moitié des terres sont réservées au pacage ainsi qu’à la culture d’avoine, de blé, d’orge et de canola destinée à combler une petite partie des besoins de leurs bêtes.
Avec son frère Rémy et leurs épouses Linda Chouinard et Louiselle Tremblay, ils jonglent avec un chiffre d’affaires d’environ 9 millions de dollars. Et, bon an, mal an, ils produisent 25 000 beaux petits cochons en santé, comme se plaît à les décrire Gilles.
À 59 ans, il en a vu de toutes les couleurs. Il ne manque pas de rappeler à ses deux gars (Patrice et Guillaume), la cinquième génération qui s’apprête à prendre la relève avec les trois fils de son frère Rémy (Kéven, Anthony et Jimmy) qu’il faut s’accrocher passionnément à ce métier pour passer au travers des incertitudes du marché et des difficultés qui ne manquent pas de se présenter.
Pour mettre toutes les chances de leur côté, Rémy et Gilles misent sur les nouvelles technologies.
«Il y a dix ans, tous nos animaux étaient nourris à la main une fois par jour. Aujourd’hui, c’est automatisé et les animaux mangent plusieurs fois par jour. Un soigneur automatique c’est mieux que l’huile de bras. Il est toujours à l’heure et il n’a pas mal aux coudes! Ça nous permet de souffler un peu.»
Le gros changement que s’apprête à entreprendre la famille Gauthier, c’est la diminution des cages de gestation. Même s’il a certaines craintes sur le comportement agressif que pourront avoir les bêtes entre elles, pas question pour Gilles d’attendre l’échéance de 2024. «D’ici une couple d’années, ce sera fait. On n’a pas le choix. L’opinion publique veut que les animaux soient placés en groupes. Ceux qui ne le feront pas, ne resteront pas en business, car ils n’auront plus de débouchés pour leur porc.»
Les Gauthier planifient donc d’agrandir leurs bâtiments pour pouvoir garder le même nombre d’animaux, et ce, même s’ils savent qu’ils ne pourront pas pour autant vendre leur porc plus cher. Le bien-être animal va leur permettre d’écouler leur porc et d’assurer la pérennité le l’entreprise familiale jusqu’à la prochaine génération.