Ce n’est pas par hasard que la relève en agriculture se montre de plus en plus intéressée à opérer un virage écologique. En plus de constater qu’il est désormais possible de «faire du volume» dans l’agriculture biologique et de se tailler une place sur le marché alimentaire, les fermiers prennent conscience de leur part de responsabilité dans la dégradation de l’environnement. Une nouvelle étude sur les effets néfastes des engrais ne pourra qu’en inciter plusieurs autres à se convertir au vert.
Cela fait au moins 80 ans que les engrais azotés appliqués dans les champs contaminent rivières, lacs et les puits d’eau potable. Pendant très longtemps, les scientifiques ne savaient expliquer la disparition mystérieuse de ce polluant. Or l’étude réalisée en 2016 par des chercheurs de l’Université de Waterloo a enfin permis de fournir la preuve directe qu’une grande partie de l’azote présent dans les engrais demeure stockée dans le sol. Et même si on n’en appliquait plus dans les champs, il faudra probablement au-delà de 30 ans avant que ce polluant ne se retrouve plus dans les cours d’eau.
Le nitrate, ce composé inorganique hautement soluble, constitue le polluant de l’eau potable le plus courant aux États-Unis. Le groupe de l’université ontarienne a analysé les données provenant de plus de deux mille échantillons de sol prélevés dans le bassin du Mississippi. Il y a trouvé une accumulation systématique d’azote dans les sols agricoles.
Dans de nombreuses régions, cette accumulation n’était pas apparente dans les 25 cm supérieurs qui constituent la strate de labour. En revanche à une profondeur de 25 à 100 centimètres, l’accumulation représentait jusqu’à 50% des intrants nets d’azote. La concentration est impressionnante. Hélas ! C’est tout le contraire du Klondike.