Poule du Nord, poule du Sud

17 mai 2016 | Affaires, Alimentation

Au moment ou en Amérique du Nord et dans les pays industrialisés en général le consommateur fait pression pour que la viande qu’il consomme soit exempte d’antibiotiques et élevée dans des conditions les plus humaines que possible incluant une croissance plus modérée, ailleurs dans le monde la croissance démographique exige une production de masse à prix moindre pour nourrir au plus faible coût ces nouveaux consommateurs. C’est le paradoxe auquel les producteurs de viandes doivent faire face.

Au taux de consommation actuel, d’ici 2050, 455 millions de tonnes métriques de viandes devront être générées annuellement pour répondre à la croissance de la population planétaire de 7,3 milliards à 9,7 milliards d’habitants. Selon la firme FarmEcon LLC, pour alimenter ces 2,4 milliards d’humains de plus d’ici 2050 (en tenant compte des taux de productivités actuels), chaque acre de terre sera nécessaire pour la production des grains nécessaires à nourrir ces animaux. Il n’y aurait donc plus de terres cultivables pour les céréales, fruits et légumes destinés à la consommation humaine.

Au fil des 50 dernières années, la production de viande a quadruplé alors que la population doublait. Selon les prévisions des Nations Unies, au cours des 35 prochaines années, la production en viandes devra s’accroître de 66% tandis que le PIB mondial doublera.

Comme le tableau ci-dessus l’illustre, il y a une corrélation directe entre le PIB par habitant et la consommation de viandes. La croissance de la population mondiale jumelée la croissance du PIB de ces pays émergents feront exploser la consommation de viandes.

Malgré le contexte mondial, les consommateurs dans les pays industrialisés demandent à ce que l’on retourne à des pratiques d’élevage se rapprochant de celles d’il y a plus de 50 ans, soit une croissance plus lente des animaux, sans antibiotiques et dans des bâtiments où ils peuvent circuler librement et même aller à l’extérieur.

La chaîne d’alimentation américaine WholeFoods envisage de faire la transition au poulet élevé de la sorte d’ici huit ans. Cette transition ne peut s’opérer plus rapidement, car seulement 1% à 3% de la génétique des poulets commerciaux actuels permet d’élever de tels poulets. Les trois firmes de génétiques Aviagen Inc., Hubard (une unité de la compagnie française Groupe Grimaud La Corbière) et Cobb-Vantress, propriété de Tyson Foods Inc. ont toutes développées des poulets ayant des traits génétiques favorisant le gain rapide de poids réduisant les coûts de production.

Malgré cela, Hubbard, le principal fournisseur de poulets ayant comme caractéristique une croissance lente, se positionne pour répondre à cette demande croissante. Le gestionnaire européen de cafétéria Bon Appétit Management Co. prétend que le poulet élevé lentement à meilleur goût et répond aux demandes de sa clientèle. Ils utilisent les poulets d’Hubbard JA57X qui sont élevés pendant un minimum de 81 jours plutôt que ceux du marché qui en général prennent 56 jours pour atteindre le même poids (voir tableau ci-bas).

Comparativement au porc et au boeuf, les compagnies de génétiques prétendent qu’en raison de ces traits, le poulet moderne est plus efficient pour prendre un maximum de poids avec un minimum de nourriture. Il faut 1,9 livre de grains pour qu’un poulet prenne 1 livre de chair. Pour le même résultat, le porc a besoin de 2,9 livres de grains et le bœuf, 6 livres. La consommation d’eau nécessaire pour chacun des trois animaux suit cette même trajectoire. Il n’est donc pas étonnant que les prévisions des Nations Unies démontrent que le poulet devancera le porc comme protéine la plus consommée dans le monde d’ici 2020.

Il n’est pas non plus surprenant d’en arriver à ces conclusions avec les améliorations de la génétique des poulets au cours des 50 dernières années. Elles ont permis au poulet de devenir la protéine la plus efficiente. Ainsi, le poids d’un poulet de chair de 56 jours est passé de 2 livres, en 1957, à 9.3 livres en 2005.

Les avancées technologiques devront se poursuivre pour pouvoir répondre à la demande croissante en protéines et aux ressources limitées en particulier les terres cultivables.

Pierre

Pierre

Journaliste principal

Père fondateur d’Élevage et Cultures, Pierre a donné à la revue sa touche d’humour qui nous plaît tant. Vous pouvez retrouver tous ses articles traitant des actualités technologiques et scientifiques agricoles dans la Rubrique de Pierre.

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